Yvan Audouard est né à Saigon le 27 février 1914 d’un père militaire et d’une mère institutrice, tous deux natifs du Sud (Avignon et Marseille). Il passe sa petite enfance dans le quartier de Saint-Mauront à Marseille, puis en pension à Montélimar et à Arles (« ma ville natale préférée »): il gardera de sa Provence un accent caractéristique et un attachement cultivé par de nombreux séjours dans son « cabanon » de Fontvieille où tout au long de sa vie il viendra retrouver amis et inspiration. Après des études de lettres (hypokhâgne et khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris) il entre à l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. Il fait régulièrement le mur de l’école pour se livrer à des activités diverses, dont la fondation du « Parti légitimiste mérovingien » et la création du « Comité pour la commémoration du passage des Alpes par Hannibal ». Après une année à Londres, où il découvre la passion du rugby, il devient professeur d’anglais juste avant la guerre et enseigne à Bordeaux puis à Arles. Il devient, à partir de 1944, journaliste à Paris dans divers organes de presse, dont Franc-Tireur et France Dimanche. Il rejoint ensuite Le Canard enchaîné où il travaillera, avec quelques interruptions, durant une cinquantaine d’années, en tenant tour à tour la rubrique théâtrale, la rubrique littéraire, puis La Boîte aux images, sa fameuse chronique télé. Il sera l’un des premiers animateurs de la télévision française avec une émission culturelle quotidienne intitulée Voyons un peu. Son activité littéraire débute en 1946 avec Liqueurs fortes, un roman sous l’influence du Tortilla Flat de John Steinbeck. Doté d’une force de travail peu commune, d’une curiosité inlassable, il va poursuivre une activité romanesque impressionnante (des Lions d’Arles à Il se fait tard pour faire la fête), tout en abordant des genres très différents : le roman policier (la série Antoine le Vertueux), les livres polémiques et humoristiques (Lettre ouverte aux cons, La connerie n’est plus ce qu’elle était), les contes provençaux (Ma Provence à moi, Lettres de mon pigeonnier, récemment réédités sous le titre Tous les contes de ma Provence), les biographies personnelles (Audouard raconte Pagnol, Monsieur Jadis est de retour¸ à propos de son ami Antoine Blondin, pour lequel ill a reçu le prix Paul-Léautaud). Il est l’auteur d’une Pastorale des santons de Provence souvent enregistrée et représentée aujourd’hui encore en France et à l’étranger. Il évoque à la fois ses souvenirs et son enfance dans Le Sabre de mon père. Atteint d’une dégénérescence maculaire qui le rend presque aveugle, il continue néanmoins à rédiger des ouvrages d’aphorismes où son humour fait merveille : Pensées provisoirement définitives, Heureux les Fêlés. Il est également l’auteur des dialogues d’une vingtaine de films, interprétés entre autres par Fernandel, Lino Ventura, Eddie Constantine… et Johnny Hallyday (D’où viens-tu Johnny). Il s’éteint dans la nuit du 20 au 21 mars 2004, à l’âge de 90 ans, à la Maison Jeanne-Garnier à Paris. Il est le père de l’écrivain et éditeur Antoine Audouard.