« Ne rien ressentir, ne rien montrer, surtout pas la peur. Moi, je n’ai rien montré aux soldats du check-point cet après-midi. Le bus scolaire s’est arrêté. Les camarades français ont commencé à chanter. Non, rien de rien… Non… Je ne regrette rien… De plus en plus fort. À la fin, ils hurlaient, les pieds-noirs. Je ne regrette riennnnnn… Et nous, les quatre Arabes du lycée français, tassées au fond de nos sièges, le regard vide. On n’a rien dit. On n’a pas baissé les yeux.La guerre va finir. Toutes les guerres finissent. Maman me le répète chaque soir. Il faut juste ne pas mourir avant la fin. »
Le premier qui voit la mer s’ouvre sur l’enfance de Leila, insouciante, avant d’être profondément marquée par les violences de la guerre d’Algérie.
Écrit à quatre mains par une mère et sa fille, ce récit évoque, avec une sincérité bouleversante et une grande vitalité, les multiples facettes de la vie de deux femmes, et à travers elles une tranche d’histoire contemporaine.
Un extrait de ce récit a été primé lors du concours Libération Apaj 2010.
Zakia Héron, née en Algérie, vit en France depuis 1981, où elle a été professeur de français auprès d'enfants handicapés auditifs, d'adultes étrangers venus de différents horizons. Aujourd'hui, elle se consacre à l'écriture, la peinture et le dessin. Célia Héron, née en France en 1987 et diplômée du master de journalisme de Sciences Po Paris, est journaliste au sein du groupe suisse Tamedia. Elle vit aux États-Unis et travaille à son deuxième livre. Une version courte de ce texte a reçu le premier prix du concours Libération-Apaj 2010.