Eli Anderson

🤩 * JE REVE D'ECRIRE 6 * 🤩l'ultime !

24/05/2019

Pour certains, il s’agit de laisser enfin partir son « bébé », de transmettre, de partager, le confier à un inconnu, mais de lui donner des ailes. Pour d’autres c’est une séparation, voire un déchirement, c’est le confier à un inconnu, le faire lire pour la première fois, l’exposer (et s’exposer) au jugement… De toute manière, c’est se séparer d’un peu (beaucoup de soi) de soi, d’une certaine façon. Mais que voulez-vous, il faut bien que les gosses grandissent, non ?

 

Pour illustrer le process, je vais choisir une métaphore qui devrait parler à tout le monde : imaginez que vous vous rendez à un entretien d’embauche. Ou, pour ceux qui sont parents, dites-vous que c’est un peu comme votre petit qui part à l’école pour la première fois : vous préparez (et vérifiez) ses affaires (cent fois), vous vous levez le matin (si vous avez réussi à dormir), vous l’habillez joliment, vous le cajolez, vous le rassurez (et donc, vous vous rassurez), et vous le déposer avec un mélange flou de fierté et d’angoisse.

Vous avez eu raison, en tout cas, de tout préparer, parce que pour votre manuscrit, il va falloir faire tout pareil (bon, dormez quand même).

 

A qui ?

Avant toute chose, choisissez la bonne école pour votre rejeton/la meilleure entreprise pour votre carrière : CIBLEZ intelligemment.

Allez en librairie, regarder les livres qui se rapprochent du « genre » littéraire dans lequel entre votre merveille. Oui, je sais : « naaaaan, mais moi, c’est un peu spéciaaaaal, comment te dire, ça n’entre dans aucune caaaaaaase, c’est franchement à part, tu ‘ois ? » oui, je ‘ois bien… Mais faites un effort, et trouvez quand même une case, parce que si c’est un roman intimiste introspectif, hyper centré sur la genèse de votre nombril, et que vous l’envoyez au spécialiste incontesté du thriller ou du roman noir, vous risquez de vous exposer à une légère déception quand vous recevrez en retour le charmant courrier-type dont je ne vous détaillerais pas le contenu…

Notez ensuite les éditeurs qui font entrer ce type de texte dans leur ligne éditoriale ; si vous connaissez bien votre libraire, parlez-lui en, il connaît mieux que personne « qui édite quoi ».

Le but, vous l’aurez compris, c’est de ne pas arroser le monde de l’édition à l’aveugle, même si tous seraient ravis de recevoir votre chef-d’œuvre. Ça n’a pas de sens, c’est une perte de temps, de sous, et vous vous exposez inutilement au refus - qui est déjà assez déprimant comme ça, alors n’allez pas le chercher.

Quand vous avez votre liste d’éditeurs assez exhaustive, sélectionnez votre top 5. Dans les critères de choix, prenez des critères « objectifs » et rationnels comme on vient de le voir, certes… mais faites aussi appel à la lectrice ou au lecteur que vous êtes : aimez-vous particulièrement telle maison d’édition pour ses choix ? Préférez-vous les petites maisons pointues plutôt que les mastodontes où l’on est un numéro parmi tant d’autres ? En somme, quand vous avez votre liste rationnalisée, laissez aussi un peu parler vos affinités, votre cœur.

 

Propre sur lui

Oui : un texte doit être propre, au sens éditorial du terme.

Propre, les amis, ça veut dire sans rature, sans fautes (aaaah, les manuscrits bourrés de fôtes d’ortaugrafe et de gras-mère, ça énerve le correcteur, comme on disait au bac, vous vous en souvenez ?), avec des pages aérées (ne radinez pas sur le nombre de feuilles, même si vous aimez les arbres à la folie, c’est très fatigant pour le lecteur qui va « scanner » une tripotée de manuscrits en une journée), une police bien lisible. Pour être très pratique, je vous recommande une police Time new roman ou Cambria, taille 12, espacement 1,5 entre les lignes, et marges de part et d’autre. Préférez le recto simple (oui, je sais… vous planterez des arbres en forêt amazonienne en contrepartie). Reliez (avec un boudin ou ce que vous voudrez) le manuscrit, ne le laissez pas à l’état de tas de feuilles volantes, ou il y aura de fortes chances pour qu’il ne soit pas lu.

Voilà, il est prêt… mais vous n’allez pas encore l’envoyer.

 

Protégez-vous !

Ou plutôt : protégez votre texte ! Avant de l’adresser à des éditeurs, vous allez le protéger d’éventuelles personnes mal intentionnées qui trouveraient votre texte formidable, mais qui trouveraient encore plus formidable d’inscrire leur propre nom sur la page de garde et de se l’approprier. C’est hélas arrivé assez souvent pour qu’il devienne impératif de mettre votre texte à l’abri.

Pour cela, plusieurs possibilités. Je vous en donne deux : la SGDL (Société des Gens de Lettres), ou la SACD (mon choix perso). Vous trouverez sur leurs sites internet toutes les infos et les modalités pratiques.

Maintenant, oui : vous pouvez aller à la poste. Inutile d’envoyer en recommandé, sauf si vous voulez être absolument certain que le petiot est arrivé à bon port, mais bon, le courrier s’égare rarement.

Cela dit, vous pouvez aussi contacter le service des manuscrits des maisons d’édition ciblée, et les interroger : certaines préfèrent maintenant des envois numériques…

 

Et ensuite ?

Alors là, ça dépend de votre degré de mysticisme, de religiosité, de foi en tout et même en le surnaturel : certains vont prier, d’autres vont faire la fête en se disant que c’est déjà génial d’être allé au bout de l’aventure, (et ça, c’est super, bravo), d’autres vont courir à Lourdes, organiser des séances occultes en pleine forêt pour invoquer les dieux, filer chez leur voyante préférée (mais ça, en général, c’est fait bien avant la dernière étape : on a déjà consulté une dizaine de fois Maria-qui-vous prédit-l’avenir-et-même-le-passé-et-fait-revenir-l’amour-perdu, et on lui a dit que l’amour perdu à la limite on s’en tamponne un peu, on voudrait juste savoir si notre bouquin va être le best-seller mondial de l’année).Cela dépend aussi de votre capacité à prendre du recul, et, peut-être, je dis bien peut-être, à accepter l’idée que vous pourriez éventuellement, je dis bien éventuellement, être amenée/é à découvrir que des éditeurs sont assez aveugles pour ne pas reconnaître l’immense talent qui se dégage de votre texte.

Mais on n’est pas à l’abri de la bonne surprise, hein ! Je ne peux que vous donner mon exemple : j’ai envoyé dix enveloppes (très mal ciblées, puisque j’envoyais un thriller et que l’un des éditeurs m’a remercié pour mon envoi, m’assurant qu’il avait beaucoup aimé l’intrigue, mais qu’il était spécialisé dans l’illustration pour enfants, gloups), et quinze jours plus tard, j’ai eu trois réponses positives à 48 h d’intervalle… alors que je n’avais si mes entrées, ni un réseau influent dans les maisons d’édition. J’avais toujours beaucoup lu sans jamais rien y connaître ne matière d’édition – et je m’en fichais royalement, à l’époque.

 

Tous les espoirs sont donc permis, les amis, et je dirais que, comme au loto, 100% des gagnants ont joué…

 

Parfois, voire souvent, hélas, le temps passe, rien ne vient ou vous ne voyez à l’horizon qu’un facteur renfrogné qui vous remet des courriers incroyablement personnalisés (« Madame (alors que jusqu’à nouvel ordre, vous êtes un monsieur, ou l’inverse), merci pour votre manuscrit, que nous avons lu avec intérêt. Nous sommes cependant au regret de vous… blablabla… ». Si vous avez de la chance, ils finissent avec « nous vous souhaitons du succès dans votre projet », sinon ce sera « Aucun manuscrit n’est renvoyé. Si vous souhaitez récupérer votre texte, veuillez nous adresser une enveloppe affranchie au tarif blabla… Cordialement ». Cordialement, ouais… Bref, mon conseil : oubliez la forme, ne le prenez pas comme l’humiliation du siècle, rappelez-vous que les plus grands ont été refusés par les meilleures ( ?) maisons, et passez à la suite de votre liste de maisons d’édition favorites, donc le top 6 à 10, et recommencez (mais laissez tomber les pélérinages et Maria, quand même, je ne vous garantis pas le retour sur investissement).

Et de temps à autre, parmi les lettres de refus, certains préciseront qu’ils ont trouvé des qualités à votre texte et ouvriront peut-être la porte à un échange constructif ; poussez cette porte, vous ne risquez rien – à part d’en apprendre sur votre texte, ses qualités et ses faiblesses, et de reprendre confiance (si vous l’avez perdue).

 

Et si – mais oui, absolument ! – au contraire vous recevez une avalanche d’appel d’éditeurs pour vous dire qu’ils vous veulent, alors… vous n’avez plus besoin de mes conseils : le rêve se réalise, laissez-vous porter !

Bon, gardez l’œil ouvert et vif, quand même… mais ça, ce sera pour un prochain post, si le cœur vous en dit : négocier un contrat, seul ou accompagné, puis le travail avec un éditeur, et mille petites choses qui peuvent aussi bien être amusantes, voire charmantes, que virer au cauchemar.

 

Quoi qu’il en soit, dites-vous toujours une chose : vous êtes allé au bout de VOTRE projet à vous, de votre chemin d’écrivain – car je conclurais ainsi :  ce n’est pas le fait d’être publié qui vous définit comme écrivain ; c’est le fait d’aboutir à ce que vous avez voulu faire, à ce que vous avez voulu être. Celle ou celui qui a écrit le texte qu’il portait en elle ou lui, et qui se sent en adéquation et en paix avec son texte. Et juste pour ça, un « ça » qui est déjà formidable : ENJOY, comme disent les camarades anglo-américains !

 

Et si ce petit chemin ensemble, à travers les sentiers de nos #JRDE, vous a permis d’en arriver à cette satisfaction, cette réalisation personnelle, cela me comble de joie.

 

Bonne route, les écrivains en herbe !

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