Antoine Audouard

Blog de Antoine Audouard


TRUMP SERA-T-IL ÉLU ?

On va pas faire monter le suspense, follohoueurs follohoueuses de mon coeur qui, sauf exception, suivez avec inquiétude la montée dans les sondages du terrible Don :

  1. Vous n'y pouvez rien, et moi non plus donc ça sert à rien de se mettre la rate au court-bouillon pour un truc où nous sommes aussi totalement, radicalement impuissants que moi sur les heurs et malheurs de mon cher O.M.
  2. Je n'en ai aucune idée et même les sondeurs professionnels qui donnent Trump à 48 % et Biden à 43 (dans le New York Times de ce jour) ne savent absolument pas ce qui va se passer en vrai dans sept mois. Pas plus, d'ailleurs, que les autres sondeurs tout aussi professionnels qui, eux, donnent Biden gagnant.

En attendant arrêtons-nous sur une des issues (cours d'anglais gratuit : une issue en anglais n'est pas une sortie, mais un problème qui, justement, peut n'avoir pas d'issue) soulevées par cette campagne : l'âge.

Pour son adversaire, à bientôt 82 ans, Joe Biden est « trop vieux » pour exercer efficacement les fonctions présidentielles. Glissons sur le fait qu'âgé lui-même de 77 ans, il n'est pas précisément un perdreau de l'année. Il veut relancer sa carrière à l'âge où Louis XIV, qui certes était roi depuis l'âge de cinq ans, passait l'arme à gauche. Dicevamo : M. Trump qui n'a pas Versailles, mais pour l'instant la Trump Tower et le domaine de Mar-a-Lago, est affligé, lui, d'un paquet d'issues : politiques, sexuelles, financières, judiciaires, elles lui sont collées aux fesses comme autant de casseroles qui au fil de la campagne vont résonner de plus en plus fort.

S'il est réélu, Biden sera à peine plus âgé que le général de Gaulle, notre « Grand Charles », qui avait 75 ans lorsqu'il entama son troisième - et dernier - mandat présidentiel - pas son plus glorieux.

Son jeune challenger de 1965, François Mitterrand, victorieux en 1981 (à 65 ans) en avait presque 80 lorsqu'il prit sa retraite au terme de son second mandat.

Baille ze ouais, je pense à l'argument de mon vieil ami Momo qui pense qu'au prix où nous payons leur retraite (salaire, locaux, secrétariat, sécurité), nous serions sages de toujours voter pour le plus vieux, car c'est celui qui nous coûtera le moins cher après son départ.

Les Français avaient eu l'audace d'élire le jeune Giscard (48 ans) en 1974. L'ayant écarté du pouvoir sept ans plus tard, ils ont financé sa coûteuse retraite pendant presque quarante ans. Pour un président qui avec l'aide de son Premier ministre prêchait la rigueur, c'est un peu long - et pas terrible pour les finances publiques.

Avec toutes les critiques qu'il suscite, M. Macron en a écarté une en annonçant qu'il renonçait à ces retraites dorées. Il prendra sa retraite à 50 ans, un âge où le Français moyen voit devant lui une quinzaine d'années de labeur cotisant pour bénéficier de sa retraite à taux plein. On a beau jeu de dire que ce « sacrifice » lui coûtera peu, car à coups de conférences cher payées et de jetons de présence dans divers conseils d'administration d'établissements financiers il aura des revenus plus que confortables. On eût aimé que ses prédécesseurs, MM. Sarkozy et Hollande, fissent preuve de la même retenue. À 69 et 70 ans, ils ne donnent aucun signe de faiblesse : non seulement ils parlent et ils publient à un rythme effarant, mais ils attendent l'un et l'autre l'appel au secours de la nation pour effectuer leur come-back.

Laissons les chevaux de retour à leurs fantasmes et parlons âge.

À quel âge est-on vieux en quoi ?

Au début du xixe siècle, la femme de trente ans de Balzac était vieille. Aujourd'hui elle prend le temps de la réflexion pour décider d'avoir un enfant. À 34 ans mon aïeule Augustine Bazat mourait en accouchant de son treizième enfant. Autres temps?

Et les hommes ?  Eux aussi ils gagnent en jeunesse.

À 30 ans, Rastignac était déjà un « homme fait » avec quatorze mille livres de rente, à 35 il était cynique et désabusé, à 42 ans il avait été deux fois ministre, à 48 ses revenus se comptaient en centaines de milliers de livres. Quand meurt-il ? Je ne m'en souviens pas et mon ami Ouiqui ne le dit pas. Peut-être est-il éternel ?

Aujourd'hui s'il a eu le privilège de l'éducation, l'homme de 30 ans finit à peine ses études et découvre la vie professionnelle, Pôle Emploi ou l'intermittence du spectacle. Les plus veinards (ou les plus tordus) font leurs premiers « coups » financiers ou politiques et deviennent bientôt « conseillers, « traders », ministres? ou présidents?

Pour les autres, selon la « pénibilité » de leur emploi, ils peuvent être fatigués, usés, « vieux » à cet âge ou encore fringants.

Il n'y a guère plus qu'en sport où la vieillesse débute à cet âge : à 26 et 27 ans, MM. Mbappé et Dupont, stars du football et du rugby français, seront « vieux » dans une dizaine d'années.

Revenons à Momo : ayant travaillé comme ébéniste - et cotisé - pendant cinquante ans, il perçoit une retraite inférieure à 1 000 euros mensuels. À 85 ans, est-il trop vieux pour travailler encore ? nécessité fait loi et on peut le voir à l'oeuvre tous les jours dans son petit atelier de la Grand-Rue au village.

Des Momo j'en connais plus d'un, « seniors » ayant dépassé l'âge de la retraite et qui travaillent encore non par goût, mais par obligation.

Il paraît qu'en espagnol, « retraite » se dit jubilación. On devrait adopter le mot. Prendre sa retraite ça vous a un côté funèbre, alors que prendre sa jubilation c'est prendre son pied, non ?

Sur ce, bonne jubilation, follohoueuses, follohoueurs !


HEUREUX LES FÊLÉS CAR ILS?

Mélanges Yvan Audouard IV

À la différence de mon cher grand-oncle récemment disparu (cf. mon slog du 18 mars 2024), je m'efforce de faire vivre une partie de l'oeuvre de mon père sans sacrifier l'écriture de la mienne (ça y est j'ai utilisé le mot « oeuvre » à mon sujet, il fallait bien que ça m'arrive un jour).

Ainsi, il y a une douzaine d'années, avais-je avec la complicité de la pétillante  (et regrettée) Nicole Lattès réédité une sélection de ses pensées sous le titre Heureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière. Ce petit ouvrage utile à l'honnête humain du xxie siècle se trouve hélas épuisé et je m'efforcerai de lui trouver un nouvel éditeur.

Or quelles ne furent pas ma surprise et mon écoeurement en découvrant par hasard qu'une certaine Mme Raphaëlle Giordano, que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents, s'était permis de donner ce titre précisément à son dernier roman, un « bête-selleur » sûrement - et ce, non seulement sans autorisation de la famille de l'auteur (le tour est vite fait : nous sommes deux, ma soeur et moi, et ma soeur n'était pas au courant), mais sans une ligne de mention de sa source dans son livre. Tout à l'arrogance de leur succès, ni elle ni son éditeur n'ont la courtoisie de répondre à une bafouille que je leur ai expédiée il y a un bon mois. Franchement, follohoueurs, follohoueuses, j'ai été tenté de faire un procès à ces malotrus pour leur apprendre les manières. Mon fidèle avocat m'en a sagement dissuadé, mais par solidarité je vous adjure de ne pas acheter cet ouvrage - ni aucun autre de cette dame - tant qu'elle n'est pas venue à résipiscence et après avoir exprimé des regrets publics n'a pas donné un autre titre à son roman, tiens par exemple Pousse-moi que j'tombe, un titre que j'ai en magasin depuis des années et dont je suis prêt à lui faire don, sans rancune - quoique? que le cul lui pèle et qu'elle chie quelques hérissons[1].

Tous les écrits de mon père ne sont pas de valeur égale - ni tous ses aphorismes, mais je voudrais en offrir quelques-uns à mes enfants, mes amis ainsi qu'à vous, follohoueurs follohoueuses de mon coeur :

À  mon ainée Marie, qu'un arrêt maladie obligeait à réfléchir au sens de sa vie : « Je pense peu. Ça me laisse le temps de réfléchir. »

À Hélène : « Le manque de confiance en soi n'est pas un handicap, mais un défi. »

 

À Ulysse, dont c'est en quelque sorte la devise : « La meilleure part de l'homme, c'est le moulin à vent. »

À Alexandre : « Le futur est prévisible, c'est le passé qui ne l'est pas. »

À Ivan : « Ma montre ne marque jamais l'heure que j'attends d'elle. »

À Mrs A. : « Si l'amour était un passe-temps, il ferait passer l'amour. » Et :

«  il m'a fallu presque toute une  vie pour devenir l'ami de la femme que j'aime. »

Mais aussi :  « Ce que tu veux, je fais, mais pour faire ce que tu veux, laisse-moi faire ce que je décide. »

 

À mon ami Pierre de Dijon, cent un ans au mois de juin prochain, en lui conseillant d'arrêter de regarder en boucle CNews, BFM TV et LCI, cette phrase qui n'est pas d'Audouard, mais du scénariste Henri Jeanson : « Mourir jeune, mais à un âge très avancé. »

Au même, d'Yvan : « Je ne sais pas si j'ai tellement envie que la science rende immortel. Je vous le dirai quand j'aurai deux cents ans. »

À mon « capitaine « Denis, ostéopathe, conseil en performance, marin, poète : « Je ne prouve ni n'approuve, je me contente d'éprouver. »

Celle-ci est également pour Édith ma gouroute, qui se désole qu'après des années de yoga j'éprouve tant de difficultés à rester attentif à ce qui se passe dans mon corps.

 

À Bizot cette « citation encourageante » d'André Gide : « On ne sait qu'à la fin du roman ce qu'on doit mettre au début. »

Et une autre d'Yvan : « Le sommeil est l'architecte de mes pensées. »

Ou encore : « Je voudrais bien vivre avec mon temps, mais je ne cours pas assez vite. »

À Bizot aussi et à Philippe P. : « Dans l'état actuel du monde, on peut être optimiste qu'à titre posthume. »

À Léonard : « Je suis frileux. Au-dessous de 15 °C, je ne fais plus les liaisons et je change de vocabulaire. »

Au même : « Quand j'écris quelque chose de sérieux, je dois réfléchir pour m'en apercevoir. »

Au même (et à PKdille aussi) : « Je ne pense pas être tout à fait idiot. Je ne suis qu'un imbécile ordinaire. C'est encore pire. »

Aux deux mêmes : « Je ne pose pas de questions aux gens qui ont réponse à tout. »

À Suki : « La vieillesse aussi a son âge ingrat. »

Et : « Je suis très bien entouré : ma femme, mon fils, ma fille? très bien entouré, à part par moi-même. »

À Marie-Françoise : « On ne gagne rien à la recherche du temps perdu. Excepté à sa lecture. »

À Robert : « Tous mes amis sont des copains, mais tous mes copains ne sont pas des amis. »

À Misora, Malcolm, Olivier R. et Léonard : « Non seulement la musique adoucit les moeurs, mais elle change la couleur des rivières. »

À Saida  Alex et Denis, lecteurs du Petit Prince : « N'en croire que ses yeux empêche souvent de voir le reste. »

À Dominique : « Si je me trouve des excuses, je ne sais à qui les présenter. »

À Stefano : « Le soleil m'ennuie. Les aventures de l'O.M. me distraient. »

À Antoine « mon Toto » : « Je retourne souvent dans les pays dont je ne suis pas revenu. »

À Marie-France de Cucuron (« petit cul pas carré »), la plus jeune de mes amies âgées : « Du moment que je dois m'en aller bientôt, je préfère partir au complet, avec tous mes souvenirs en place. »

À Choo-Choo : « Ici, il ne fait pas toujours beau : il fait meilleur. »

À Marylène : « Ce n'est pas ce que la Provence dit qu'il faut entendre, mais ce qu'elle tait. »

À la mémoire de Charles, son père - et à Martine et Serge : « Quel plus beau souvenir de soi à laisser sur la terre que celui d'un rosier? »

À Bruce : « Ici le passé a laissé tellement de traces, qu'il a toujours un bel avenir devant lui. »

À Philippe P. et Thierry C. , « venants »: « Marseille est la salle d'attente de la Provence. »

Et : « L'hiver ne devrait pas exister, surtout dans nos régions. C'est une saison qui nous fait du tort ».

À Thibault, de Paul Valéry : « Je me suis aimé. Je me suis détesté? puis nous avons vieilli ensemble. »

À Nile, Milena et Vasco : « On meurt rarement du bonheur de vivre. »

À Enid, Léonard,  Leslie, Sabrina et Gaëlle : « J'ai peine à croire que la souffrance ait été inventée pour nous aider à vivre. »

À tous mes copains romanciers : « Il m'a fallu presque une vie entière pour distinguer ce qui m'arrive de ce que j'invente. »

Et : « J'ai une admiration immense, infinie, pour l'oeuvre que je n'ai pas écrite. »

À William : « Ma montre est toujours à l'heure, mais ce n'est pas la même que la mienne. »

Au même, à mon petit Claude, à Henriette et à mon Fred : « L'éloquence et la générosité sont une patrie habitable par les hommes de bonne volonté. »

À Mourad : « Quand il parlait de lui, c'était en désespoir de cause. »

 

À Hervé : « Il est bon de se coucher sur un éclat de rire. On se réveille de bonne humeur et de bonne bouche. »

À Olivier L. « Racontez d'abord avec précision votre rêve. Et un jour votre rêve est là devant vous : il ne vous reste plus qu'à le cueillir. »

Au même : « Il faut ressembler à ce qu'on a rêvé pour éviter d'être celui qu'on est en passe de devenir. »

À Christophe : « On peut se réconcilier avec quelqu'un qui est fâché avec vous. Mais si c'est vous qui l'êtes, inutile d'essayer. »

À Bizot encore, qui prétend que j'ai une excellente mémoire : « Je me souviens surtout de ce qui s'est passé, je ne sais quand, je ne sais où. »

À Lydie « La King » : « J'aime les gens qui savent faire du malheur des autres un chagrin personnel. »

À Anne, Emmanuelle et Malcampo, chasseuses de  barbarismes, mrs traqueuses de coquilles : « En littérature, on corrige ses épreuves. Dans la vie, ce sont elles qui nous corrigent. »

À PKdille mon ioli facho, et à Nata mon gaucho : « J'accueille gentiment les idées qui débarquent, mais celles qui s'ennuient chez moi, je ne les retiens pas. »

À Éric : « Je ne savais pas que j'avais rendez-vous avec ma jeunesse. C'est agréable de retrouver, par hasard, un ami qu'on n'avait pas vu depuis vingt ans. »

À  Claude J, Philippe C., Jean-Louis M. et Marc E., vieux camarades de randonnée : « Le mystère se cache derrière la colline d'après. Il a toujours une colline d'avance. »

À Dramane : « Un homme qui meurt de faim et qui rencontre sur sa route un autre homme qui le nourrit, celui-là, il a un avant-goût du paradis. »

À Vincent « le King » : « En amitié, on peut être fidèle à plusieurs personnes à la fois. »

À Mireille : « J'accepterai ma mort le jour où mes amis pourront venir à leur enterrement. »

À Constance : « Le goût de la perfection est incurable, surtout chez ceux qui ont découvert très tôt qu'elle n'existe pas. »

À Philippe P. : « Je sais? Dieu a confiance dans les mensonges du désespoir. »

 

À Archi : « Hier aussi est un autre jour. Et celui-là, au moins, on est sûr qu'il existe. »

À Philippe D. : « Un mathématicien qui renonce à résoudre la quadrature du cercle atteint son niveau d'incompétence. »

Au même : « Sans le devoir de mémoire, l'impardonnable n'aurait jamais droit à l'oubli. »

À Momo, que les loups ont terrifié, et à Jeremy et Alexandra, qui vivent à côté d'eux : « L'homme est un loup pour le loup. »

Quant à « Heureux les fêlés », je la lègue aussi à Jeremy, l'Anglais le plus barré d'un peuple de grands barrés.

 



[1] Insulte écossaise. In scottish : Hope your next shit is a hedgehog.


DE L'ART DU BAR

Mélanges Yvan Audouard III

Dans son autobiographie Mon dernier soupir, le grand Luis Buñuel procède à une distinction entre le café, où l'on se rend pour être en compagnie, et le bar, où l'on va pour être tranquille. Si je me souviens bien, il compare la vaste culture des bars à Madrid au quasi-désert parisien dans ce domaine.

Mon père ne s'intéressait pas à ces nuances. Il allait indifféremment au bar (du Normandy à Paris, bar officiel du Canard enchaîné, du Nord-Pinus à Arles, hôtel et bar officiel des toreros de passage) ou dans les cafés pour y boire des coups qui lui étaient plus ou moins interdits chez lui, car ma mère cachait les bouteilles ; d'autre part il n'aimait pas trop boire seul. L'alcool avait dans sa jeunesse de journaliste été un carburant pour les soirées ou les nuits de bouclage ; avec l'âge, quand il avait bu un coup de trop, son regard devenu flou, son corps s'alourdissait, sa voix s'empâtait. Alors, soit il était vaincu par une « grosse fatigue » et piquait du nez, soit il devenait mauvais, agressif, déplaisant. On était loin des joviales cuites incarnées par Gabin et le jeune Belmondo dans Un singe en hiver, le délectable film d'Henri Verneuil adapté du roman éponyme d'Antoine Blondin, mon parrain, alcoolique notoire qui avait pratiqué le « toréo-voiture » au risque de sa vie. En observant, terrifié, ces moments où le chaleureux conteur provençal se transformait en odieux poivrot, j'ai compris qu'en vrai si l'on boit souvent à plusieurs, l'ivresse est une des formes de l'extrême solitude.

Malgré les « non-pouvoirs » solennellement transmis par mon père vers la fin de sa vie et grâce aux dommages collatéraux d'une sévère cuite vers l'âge de seize ans, je ne dédaigne pas mon verre de (bon) vin, mais j'ai échappé à l'alcoolisme. J'ai en revanche développé un goût pour les cafés et les bars. Je me sens « chez moi » au Bistrot du Canal à Paris comme au Café du Moulin ou aux Canisses au village. J'avais « mon » café à New York, le Café Grumpy de Chelsea, mais il a fermé et les Starbucks ne sont pas des cafés et pour le faux bistrot français à quinze dollars le double expresso, thanks but no thanks.

Restons en France, donc, et établissons des règles :

1. Le matin café, thé, infusion - tout ça sans un petit shot de cognac.

2.  À l'heure des apéros Perrier, citron pressé, diabolo menthe, Vittel fraise et, si pression sociale intense, un bock de bière (pas un demi), un pastis (Ricard), un petit blanc ou un kir - pas deux. Le rosé non, jamais. Pas de « digestifs » non plus, surtout les « rhums arrangés »

3. Rester au comptoir, c'est l'endroit d'où il est le plus facile de s'échapper.

4. Quand les discussions s'animent avec des camarades qui en sont au sixième blanc ou au quatrième whisky, ne jamais se laisser entraîner dans une discussion politique ou sportive. Les sujets de société « sensibles » sont également à fuir sans hésiter. Les propos outranciers ou particulièrement crétins sont à ignorer. Si l'on ne peut se retenir de réagir, éviter « tu es con ou quoi ? » et préférer « je ne pense pas », « je ne crois pas », « je ne sais pas », « je ne suis pas sûr » ou « j'ai des doutes ».

5. À prévoir : un copain de bar alcoolisé pris d'affection pour vous va se mettre à vous donner des claques dans le dos. Dire non et recruter un allié pour l'empêcher de continuer.

6.  Un dernier conseil : attention aux tournées. Éviter les deux fautes majeures :

-      oublier d'offrir la sienne ;

-      offenser un camarade de bar en refusant la sienne ;

-      dans tous les cas, ignorer les quolibets et s'échapper sous un prétexte ou un autre avant que quelqu'un ne propose « la dernière ».

Enfin bon, moi je m'en sors comme ça. Ce que j'en dis, c'est pour votre bien.


CONNOLOGIE APPLIQUÉE

CONNOLOGIE APPLIQUÉE

Mélanges Yvan Audouard II

Un de mes vieux camarades, tendance facho (les gauchos, m'a-t-il expliqué une fois, il les préfère dans la pampa) a tenté de poster un commentaire à propos de mon dernier post. Après « vérification », ce commentaire n'a pas été publié. Je viens de le lire, car il me l'a envoyé en me demandant si j'approuvais cette « censure ». Je n'y vois rien de censurable et je lui présente officiellement mes excuses pour cet incident.

Chers modérateurs, pouvez-vous s'il n'a pas été pulvérisé, publier tel quel ce commentaire ? Certes M. PKdille m'y traite gentiment de con, mais j'ai l'habitude et j'en ai autant à son service : on est toujours le con d'un autre.

D'autre part, chers follohoueurs, chères follohoueuses de mon coeur j'ai d'amers reproches à vous faire : vous ne commentez pas assez. Il faut créer le « buzz », putain de merde, la polémique.

Un bonus connerie.

Terrasse du café du Moulin. Trois vieux cons :

Con no 1 : J'écoute plus les infos.

Con no 2 : De toute façon c'est de l'intox.

Con no 3 : Moi j'écoute surtout France Musique

Con no 2 : J'écoute jamais la propagande des radios d'État.

Exercice d'attention :  un de ces vieux cons, c'est moi. Lequel ?

PS. Promo gratuite : sur France Musique ce matin (2 avril, date d'anniversaire de mon ami d'enfance décédé, le petit frère de PKdille), un merveilleux pianiste belge, M. Florian Noack, talentueux et plein d'humour. Con se le dise !

 


AFFAIRE HOMME (suite)

L' « affaire homme », comme l'appelait Romain Gary, prendra fin d'ici quelque temps (décennies ? siècles ?) et les derniers de notre espèce contempleront leurs terres dévastées, leur ruine, en se posant les mêmes questions que les habitants de l'île de Pâques : « Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi ? »

En attendant, nous avons plusieurs options?

1.  Croire au miracle : la science, le progrès ? La prise de conscience écologique mondiale, la transformation de l'homme ?

2.  Retarder l'échéance : ne plus manger que ce que nous faisons pousser nous-mêmes ou des animaux que nous tuons nous-mêmes ; ne plus nous chauffer du tout ; refuser les emballages et tout recycler nous-mêmes ; nous déplacer à pied, à cheval ou à bicyclette.

3.  Ignorer : de toute façon ce que je fais n'y changera rien : tout se joue ailleurs, dans la surconsommation frénétique des quelque deux milliards d'Occidentaux auxquels le milliard de Chinois veut se joindre, dans l'appétit, le « greed » cynique et sans limite de compagnies capitalistes qui se repeignent en vert pour les besoins de la pub, mais sur le fond se moquent totalement de l'impact sur la planète de leurs activités.

4.  Décider que tout ça c'est fake news et compagnie : « Ils essaient de nous faire gober n'importe quoi, moi j'm'en fous, de leurs conneries, j'leur pisse au cul, je les emmerde. »

Je connais des tenants de ces points de vue et à part le dernier qui m'est étranger, je peux retrouver dans les trois premiers une part de ce que je ressens ou crois penser.

Me reste à faire comme tout le monde : le peu que je peux, résolument insuffisant pour contribuer en quoi que ce soit à la résolution d'un problème qui ne sera réglé qu'avec notre extinction.

En dernier ressort, comme disait le bon Vladimir Illitch, face à l'épais dossier de « l'affaire homme », nous nous trouvons de petits individus solitaires et démunis. Incapables de concevoir l'invention révolutionnaire qui sauvera le monde, nous ne pouvons que faire de notre mieux et, sans nous faire d'illusions à défaut d'oeuvrer pour l'avènement du « Bien », tâcher à notre petit niveau de ne pas contribuer au pire.

Sur cette vue optimiste de notre avenir, follohoueurs, follohoueuses de mon coeur, je vous serre contre mon coeur et me remets à ce que mon peu honorable papounet appelait « mes petites couillonnades ».

 


ET LA CONNERIE, LÀ-DEDANS ?

Mélanges Yvan Audouard I

« Dans ma vie », dit un jour mon père à l'un de ses vieux amis, « j'ai été journaliste, membre du parti communiste et patron de bar? te dire si j'en ai entendu, des conneries ! »

Digne fils de mon père qui avait connu deux de ses plus grands succès de librairie avec Lettre ouverte aux cons et La connerie n'est plus ce qu'elle était, je me suis inscrit au séminaire de conologie organisé par mon ami Robert, patron du  Café du Moulin, dernier survivant des quelques dix caf'-conc' qui opéraient au village vers 1900, au sommet de l'activité des carrières, quand  le samedi soir  éclataient des bagarres entre ouvriers largement éméchés , troublant le repos des  paysans et des braves gens, et inquiétant les autorités. Les bagarres au Moulin sont rares et on y trouvera plus souvent quelques paisibles joueurs de cartes qui se charrient gentiment. Entre deux mènes, Robert consent à quitter sa place pour regagner le bar et servir un client pas trop pressé. Du temps de sa prospérité d'agent immobilier St Rémois,  Robert  fréquentait les premiers « pipole » plus ou moins intellos qui cherchaient une résidence secondaire entre Luberon et Alpilles. A l'heure où les joueurs s'en vont il me désigne la table où leurs fantômes s'attardent : «  Qu'est-ce que tu veux, philosophe-t-il, ils sont cons, ils ne comprennent rien et  ils ne savent rien, mais je les préfère. »

La conologie, la discipline dont Robert est le fondateur et maestro, consiste à considérer en priorité sa propre connerie afin d'observer avec tendresse celle des autres.

C'est dans cet état d'esprit que j'accueille mes deux premières conneries au début de mon séjour pré-printanier au village.

Discussion sur les impôts. Consensus : on en paie trop et on va en payer encore plus. Argument pour (moi) : « Quand je paie mes impôts je râle, comme tout le monde, mais je pense aux hôpitaux et aux écoles que je contribue à financer plus qu'à l'argent mal dépensé ou carrément détourné. » Le villageois (qui n'est même pas d'ici) : « De toute façon, tout l'argent va aux Noirs et aux Arabes. » Moi : « Tu exagères. »

Discussion sur le gouvernement. Le villageois : Qu'est-ce que tu penses des déclarations de Macron sur l'Ukraine ? » Moi (citant Yvan Audouard) : « Je pense peu, ça me laisse le temps de réfléchir. » Le villageois, poursuivant sur sa lancée : « Ce Attal, qu'est-ce que tu veux qu'il y connaisse, à l'éducation ? C'est une tarlouze, il n'a pas d'enfants, il ne peut pas comprendre. » Moi : « Excuse-moi, je dois y aller. »

Autre villageois : « Moi j'ai rien contre les gays, du moment qu'ils font ça entre eux. Mais qu'ils se marient, qu'ils aient des enfants, c'est contre la nature. » Comme c'est un ami je me permets de le traiter de con et de zemmouro-maréchal-lepéniste, sans oublier de mentionner :

  1. La nature, c'est en cas de difficulté d'accouchement laisser mourir une femme et son bébé.
  2. Avec le catalogue  historique des abus et violences de toutes sortes infligées aux enfants dans les familles « normales », les parents gays n'ont pas de complexes à avoir.

CE QUI RESTE D'UN HOMME

Qui se souviendra de mon grand-oncle maternel Louis-Claude Thirion, pianiste et professeur de piano, décédé le 11 janvier dernier dans sa quatre-vingt-neuvième année ?

Dans mon bureau et sur ma table de travail s'étalent les dizaines, les centaines de pages que laissent derrière eux les gens âgés n'ayant pas pratiqué le döstädning, cette toilette mortuaire à la suédoise qui nous invite à faire le vide en nous débarrassant d'un maximum d'objets et de papiers dont nous n'avons pas besoin et qui encombrent notre espace physique et mental : un demi-siècle de notes de gaz et d'électricité, de factures diverses le tout mêlé à des courriers, des cartes postales, des photos sans légende représentant des messieurs à grande barbe et des dames engoncées dans des corsets - des Polaroids, des dessins d'enfants signés pour lui, des photos plus intimes dans une enveloppe et aussi une assez mystérieuse : ce  grand jeune homme qui marche dans une rue de Nancy, c'est bien lui. À ses côtés, une jeune fille, on le sait car elle porte une jupe. On n'en saura pas plus, car son visage a été découpé, signe que l'histoire s'est mal terminée.

Et puis il y a les relevés bancaires, les dossiers d'assurance, cinquante ans de taxes d'habitation et de taxes foncières, des dossiers de factures, l'inventaire de la maison de ses parents à Nancy, l'épais dossier de succession d'une grand-tante décédée dans les années 1960. Les cahiers d'un prof sérieux qui prend des notes sur chaque élève et garde la trace de leurs prix et accessits aux examens de fin d'année.

Des centaines de partitions qu'avec ma soeur nous distribuons peu à peu aux anciens élèves ainsi qu'aux musiciens amateurs que le destin dirige vers nous depuis que la succession est ouverte.

D'un épais porte-cartes j'extrais les traces de différentes époques de sa vie : cartes de professeur (au conservatoire de musique de Nantes, à celui de Boulogne-Billancourt), carte d'adhésion au syndicat UNSA («libres ensemble»), carte de médiathèque, carte de membre d'adhérent de l'association des anciens de la cité universitaire de Paris ; carte de la Bibliothèque nationale, carte de membre perpétuel du Conservatoire de musique de Paris, rue de Madrid - sans oublier les cartes bancaires que je découpe en petits morceaux, un passeport périmé, des cartes d'identité (la sienne, celle de la vieille tante, celle de sa maman, épouse en secondes noces de mon arrière-grand-père) et last but not least, sa carte Vitale. Et les cartes de visite, j'allais les oublier : un commissaire-priseur, un notaire, un assureur, Claude-Jean « Tito » Antoine, président et cofondateur de Nancy Jazz Pulsations, Charlette Thévenot, dont le « bateau phoque » est ancré au port de l'Arsenal. Une souche de tickets à en-tête de l'hôtel Mercure de Luxeuil-les-Bains avec des numéros et la mention « carte de propriété ». Carte de propriété de quoi, je te pose la question ! Un jeu de cartes à jouer également. Ciel, grand-tonton, tu jouais? à quoi ? au bridge ? au poker ? au gin-rami ? à la canasta ? au trompe-couillon ? Ou bien tu faisais des patiences, comme la « Marie-Antoinette » chère à ma grand-mère paternelle ? En tout cas tu ne jouais pas souvent, car les cartes sont en parfait état. Va savoir ce qu'il fout là, dans la liasse des cartes, un « boarding pass » pour le Titanic à en-tête de la White Star Line. Date : 11 avril 1912. Nom du passager (voyageant seul) : Paul Romain Chevré. Mon grand ami Ouiqui m'apprend que ce sculpteur a vécu de 1866 à 1914. De son état civil complet Paul Romain Marie Léonce , il est fils du sculpteur Romain Paul Chevré (se foulaient pas trop pour les prénoms dans la famille) et sa réputation s'est étendue jusqu'au Canada ; il est en effet monté à bord du paquebot, mais il a fait partie des heureux qui, ayant trouvé place sur le premier canot de sauvetage, ont eu la vie sauve. D'après le témoignage d'un de ses compagnons (ils jouaient aux cartes dans un salon de première classe lorsque le paquebot a heurté l'iceberg), le sculpteur s'est montré assez peureux pendant tout l'épisode. Pour les amateurs aimant voyager loin, on peut aller au Québec admirer ses oeuvres majeures, dont une statue de Samuel de Champlain. Pour les autres ils peuvent se borner à Asnières : il est l'auteur d'une Marianne qui trône dans la mairie.

Derniers bouts de papier : deux tickets à 500 Fr (tarif normal) pour un récital de Vladimir Horowitz au théâtre des Champs-Élysées le 2 novembre 1985 à 15 h 30.

Un gros sac en plastique plein de clés : certaines ouvrent la porte de son appartement, de sa boîte aux lettres, de sa cave? les autres ?

Et puis il y a les CD, les 33 tours, des centaines, des milliers : grands interprètes d'oeuvres classiques, mais aussi des compositeurs du XXe siècle dont je ne connaissais même pas le nom, comme Georges Hugon (1904-1980) ou Jacqueline Fontyn (compositrice et pédagogue belge née en 1930).

Le nom de Thirion reste connu des « gens d'un certain âge » par celui de son demi-frère André, mon grand-père, surréaliste et auteur du classique Révolutionnaires sans révolution ainsi que de quelques essais, de pièces et d'un volume de poésies - le tout épuisé comme il se doit. Pour les très très vieux Lorrains, ils se souviennent peut-être de Louis Thirion (1879-1966), l'arrière-grand-père, compositeur de deux symphonies et de musique de chambre, professeur de piano et d'orgue au conservatoire de Nancy et directeur par intérim dudit conservatoire à deux reprises. Au cimetière de Baccarat, nous avons rencontré une de ses anciennes élèves des années 1930, quatre-vingt-dix-huit ans aujourd'hui et très alerte d'esprit malgré la cécité et le fauteuil roulant. D'après son témoignage, « arrière-papy chou » (pour le faire enrager, ma soeur appelait « papy chou » notre grand-père) pratiquait une pédagogie assez sévère et ne tolérait pas le laisser-aller : comme elle avait négligé une page d'exercices, elle se fit enguirlander de la belle manière. Au moins ne se fit-elle pas battre, comme notre pauvre vieux grand-tonton qui, haut comme trois pommes, prenait des coups sur les doigts, des baffes et des fessées s'il n'avait pas bien travaillé ses gammes. Deux heures de piano par jour à six ans, c'est du putain de lourd - pas par hasard que pour échapper à ce régime le grand demi-frangin et futur papy chou se fût carapaté dès que possible pour aller faire le fou (et la révolution) à Paris.

Encore des papiers : liasses de coupures de presse concernant des rééditions ou concerts des oeuvres de son père, à qui il vouait un culte.

Et lui ?
Il ne se donna jamais le choix de mener une autre vie que celle en vue de laquelle il avait été programmé et formé à la dure. Le piano, m'avait-il dit parfois, n'était pas une passion, mais son métier.

Prospectus ou affiches de concerts :

-              Les premiers datent de 1952 à Nancy où il est la jeune vedette, car l'orchestre de Nancy en tournée l'emmène comme soliste : Fauré, Bizet, Franck, Chabrier, dit le programme (all in densk) du théâtre Tivoli de Copenhague) ;

-              Le 15 décembre 1957, auréolé du prestige de nombreux prix (de piano, d'accompagnement, d'analyse) reçus au conservatoire de Paris où il a été l'élève du pianiste Yves Nat et du compositeur Olivier Messiaen, il joue le Deuxième concerto de Liszt à la salle Victor-Poirel (Ouiqui, à l'aide : ingénieur français, 1804-1881) de Nancy avec l'orchestre symphonique des moins de quinze ans du lycée Henri-Poincaré sous la direction de Gérard Stoltz (Ouiqui à l'aide : ce n'est ni l'économiste norvégien, ni le pourvoyeur de drogue de Pierre Palmade, mais bien un musicien - né en ? - dont L'Est républicain m'annonce le décès en 2007) et Serge Verstraeten, là encore, merci Ouiqui, il s'agit bien d'un musicien, prof au lycée Henri-Poincaré (re-Ouiqui : mathématicien et physicien né à Nancy en 1854, mort à Paris en 1912) : engagé dans les FFI en 1944, il a été blessé dans les combats pour la libération de Nancy, au cours de la fusillade du pont de la Renaissance. Il avait alors 19 ans, nous dit L'Est républicain. Déduction mathématique (j'ai ça dans le sang, faut croire : Louis-Claude a obtenu une licence de maths parallèlement à ses études musicales) : il est né en 1925 et décédé en 2023, quasi centenaire ;

-              Le 12 mars 1958, il joue au centre culturel de la cité universitaire de Paris (Concerto en ré majeur de Haydn) ;

-              Le 4 décembre, récital au conservatoire communal de Gembloux, près de Namur (Bach, Chopin, Schubert, Liszt, Camille Schmitt, Fauré, Ravel) ;

-              Le 6 avril 1962, il joue en récital un programme qui va de Bach (toccata et fugue en ré mineur) à Prokofieff[1] (3e sonate) au théâtre de la maison internationale de la Cité U (souviens-toi, follohoueur/ (se) attentif (/(ve), il a la carte.

-              En 1963, ça plane pour lui : récital à l'École normale de musique (Mozart, Beethoven, Chopin, Fauré, Albeniz, Balakirew[2], places de 3 à 10 NF) ; puis il joue à l'invitation de l'ambassade des États-Unis (pas de places à vendre, c'est sur invitation seulement) en solo (Bach, Brahms, Chopin, Fauré, Albéniz) et en accompagnement du baryton américain Wilder Luke Burnap (pas le compositeur anglais, 1839-1905, ce gonze-là j'ai pas ses dates, mais je sais qu'en 1977 ce WLB a chanté - avec Meryl Streep, if you please !) dans Happy End, de Brecht et Kurt Weil, au Martin Beck Theater sur Broadway) ;

-              Concert à la salle des conservatoires le 9 mars 1964 : son troisième récital parisien dit le flyer (Bach, Brahms, Liszt, Chopin, Fauré, Ravel, Bartok, Albéniz, places de 3 à 12 Fr, location à la salle ou chez Durand, place de la Madeleine) ;

-              Concert à la Sorbonne en 1965 (avec l'orchestre symphonique de la garde républicaine sous la direction de François-Julien Brun, places 2 Fr pour le Premier concerto de Prokofieff[3] et les « Danses polovtsiennes » du Prince Igor de Borodine, avec en prime la Sixième symphonie « Pathétique », de Tchaïkovski, c'est cadeau) ; re-Sorbonne en 1966 avec le même orchestre et le même chef, également compositeur moderne puisqu'il dirige son propre Essai de musique spatiale (participation aux frais, 2 Fr) ;

-              Concert dans la prestigieuse salle Cortot le 4 décembre 1967 (Carnaval de Schumann, Polonaise-fantaisie de Chopin, livre I des Études de Debussy, Valses nobles et sentimentales de Ravel, et Regards sur l'esprit de joie, de Messiaen, pour finir hard-core. Prix des places de 5 à 12 Fr).

Là je vous en épargne quelques-uns (association Musique, culture et Arts de Nancy à la salle Poirel (encore).

-              Au cours de l'année 1970, sa connexion américaine fonctionne : il est au programme de l'American Students Atelier Réunion à l'église américaine du quai d'Orsay (de Haendel à Messiaen en passant par Fauré et Poulenc, c'est pas mal) ;

-              Le 27 février 1975 à 21 heures avec la violoniste Marie-Claire Bainvel, salle Francine Vasse, rue Colbert à Nancy, il joue des sonates pour piano et violon de Mozart, Schubert, Franck et Debussy (avec Stravinsky l'influence musicale majeure sur son père). C'est la conclusion d'une mini-tournée de l'ouest qui a débuté à Vannes le 18 et s'est poursuivie à Angers le 25 ;

-              Années 1970, je vois des concerts à Nantes et Angers, au château de Lourmarin, au Lucernaire à Paris.

 

Fast forward to :

-              Le 28 septembre 2004, récital à l'auditorium du conservatoire de Nancy.

Pause : je m'y perds, car il y a beaucoup d'exemplaires des annonces et des programmes. J'arrête la liste, car il n'y a que dans Modiano que les noms propres dans les listes provoquent un effet hypnotique. Là ça va devenir chiant (ça l'est peut-être déjà, d'ailleurs).

Deux ou trois affiches, quand même ; et on arrête les papiers (moi-même j'en peux plus, ma table est envahie et ça se mélange avec les dernières factures à payer (Engie, Orange, charges du CPAB) :

-              Une rose avec dessin signé Bretecher quand même pour le 13 décembre (année ?) au théâtre Graslin de Nantes : avec Georges Lambert (flûte), il joue Donizetti, Schubert, Roussel et Prokofiev[4] ;

-              Une très grande (la plus grande de la collection - même Horowitz il aurait pas plus grand) avec son nom en très gros et gras. C'est le 31 janvier 1979 au château de Goulaine, près de Nantes et il joue plusieurs pièces de Chopin, les Kreisleriana de Schumann, les Variations sur un thème de Paganini de Brahms, et le Prélude, choral et fugue de Franck ;

-              Stop il y en a une plus grande : jeudi 13 septembre (année ?) dans le cloître du musée David d'Angers (repli Greniers Saint-Jean en cas de mauvais temps), entrée gratuite pour l'orchestre philharmonique des Pays de la Loire (directeur musical Marc Soustrot) : entre l'ouverture d'Egmont la Deuxième Symphonie de Beethoven, il est le soliste pour le Troisième concerto de Ludwig van ;

-              Last but not least, l'affiche jaune pétant : les 26 et 29 avril 1981, il joue avec le Muncie Symphony Orchestra dirigé par Robert Hargreaves. Vous me direz, Muncie, c'est pas Chicago, Boston, New York ou San Francisco, les orchestres américains qu'on connaît, et Hargreaves, c'est qui ce rombier ? Merci qui ? Merci Ouiqui : 1914-2000 et un grand article dans le Muncie Evening Press. Oui, Muncie, Indiana, là où Spielberg a tourné Rencontres du troisième type, un film un peu long et ennuyeux à mon goût, mais où l'on a le bonheur de voir François Truffaut jouer (in English, my dear). Well, mon great-uncle, French pianist, fucking hell,  il a joué un putaing de programme ce soir-là : le Premier concerto de Prokofiev, le Concerto pour la main gauche de Ravel, l'Estancia de Ginastera et pour finir les Vingt regards sur l'enfant Jésus de Messiaen. Billets de 4 à 5 dollars seulement ! Précision qui a son importance : à l'issue du concert, les assistants étaient invités à échanger avec le French soloist dans une backstage party sous l'égide de la Women's Symphony Leagueet sa présidente, Nancy Vogelgesang. C'est pas rien, ça : Nancy Jayne Mitchell est née à Muncie en 1937. École primaire, études secondaires à Muncie, puis master en sciences de l'éducation à la Ball State University de? Muncie ! Mariage avec Donald Vogelgesang, originaire de? Muncie ! Ici l'esprit d'aventure l'emporte chez Nancy de Muncie : après avoir été institutrice à Dayton (Ohio), Indianapolis et Durham (North Carolina), elle revient à? Muncie ! Heureuse qui comme Nancy? Elle travaillait à Gloria's Dress Shop et c'était une figure de Muncie. Elle est morte d'une crise cardiaque au Ball Memorial Hospital de Muncie après avoir assisté au service religieux de l'église méthodiste de? Muncie. Que tout ça se déroule à Muncie, dont j'ai longtemps ignoré l'existence, ça me bouleverse. Ma chère Leslie Knope ( Amy Poeller), héroïne de la sublime série Parks and recreations et patriote de l'Indiana, aurait été fière.

Trêve de divagations, dicevamo.

Je n'ai assisté qu'à un concert de Louis-Claude, il y a une vingtaine d'années, au conservatoire de musique russe de Paris où il avait déjà joué auparavant, dans les années 1990.

Drôle de concert, un « concert-conférence », plutôt, où il brossait un portrait musical de Sergueï Rachmaninov, maître silencieux de ces lieux, car le conservatoire porte son nom et il en a été un des premiers présidents. Soirée à l'image de mon parent : sensible et timide dès qu'il ouvrait la bouche dans le cadre familial, il l'était un peu moins en public. Sa réserve disparaissait lorsqu'il laissait la parole à la musique. En un domaine où je ne suis qu'amateur, je n'essaierai même pas de comparer son interprétation à celles des grands maîtres que furent Gilels, Richter ou Horowitz - sans parler de Nikolaï Luganski aujourd'hui. Je me souviens d'une assurance, d'une fermeté que je ne lui connaissais pas par ailleurs, de la délicatesse de touche qui rendait justice aux célèbres préludes et aux moments musicaux du géant russe.

Fun facts : Sergueï Vassiliévitch mesurait 1,98 m et Louis-Claude 1,88 m seulement?

Parmi les centaines de CD, une dizaine des oeuvres enregistrées de son père ; de lui quelques exemplaires d'un enregistrement intitulé L'Esprit français où avec un collègue flûtiste ils jouent des pièces de quelques compositeurs français : Milhaud, Poulenc, Messiaen?

De son unique enregistrement en piano solo, pas un exemplaire, le mien avait disparu et je n'en trouvais pas un dans sa discothèque : j'ai dû faire appel à Zonzon pour faire venir d'Allemagne un exemplaire des oeuvres de Paul Ladmirault (1877-1944). Belle musique que celle de ce militant breton, élève de Fauré, « le plus doué d'entre nous », disait l'un de ses contemporains, « mais aussi le plus modeste ». D'un modeste à l'autre, la musique a été transmise et je l'écoute parfois, les yeux fermés, au soir qui tombe.

Pour sa messe d'enterrement, un de ses anciens élèves a trouvé la seule église de Paris dotée d'un bon piano : c'est donc en musique, comme il se devait, que mon discret et secret grand-oncle a été accompagné vers la sortie. J'avais craint que l'assistance ne fût limitée au petit groupe familial survivant, à quelques proches? L'église Saint-Merri était pleine en ce matin de pluie : anciens élèves, collègues musiciens ou enseignants des conservatoires où il avait exercé, voisins aussi - rassemblés au-delà des croyances ou incroyances pour saluer ce modeste, l'entourer d'amitié, de reconnaissance et d'amour, lui dire qu'à défaut de s'être jamais comporté en « important », il avait été important pour eux.

Je ne sais pas si mon grand-oncle laissera une trace quelconque dans l'histoire de la musique, mais ça, comme dirait Bizot, c'est pas rien?



[1] Note à Malcampo : orthographe sic.

[2]  Sic, Malcampo.

[3] Re-sic.

[4] Ouf de Malcampo : enfin c'est orthographié dans la transcription normale.


LE FANTÔME DE NAVALNY

Sans l'admirer, un ami est impressionné par la détermination glaciale de Poutine à se débarrasser d'un adversaire dangereux. Il y voit l'assurance sans complexes de l'autocrate, une continuation de cette grande tradition russe qui, de Pierre le Grand à Staline en passant par Lénine, consiste à pratiquer  avec une égale placidité l'assassinat politique et le crime de masse.

Il me semble au contraire déceler une forme d'incertitude honteuse dans la « communication » de Poutine et de ses sbires au sujet d'Alexeï Navalny. Ayant d'abord prétendu l'ignorer comme « quantité négligeable » ne représentant que lui-même, ils l'ont accusé de délits imaginaires avant de tenter de l'empoisonner. Parce qu'il a dénoncé la corruption d'un homme et de son régime, ils ont mis en branle leur machine de propagande et les rouages éternels de la crainte et de la servilité afin de le condamner pour « extrémisme ». Parce qu'il n'était pas suffisant de l'emprisonner, ils l'ont déporté dans le goulag où il vient de trouver la mort. Pour un homme qui soi-disant ne représentait personne, ils ont réprimé brutalement tous ses soutiens à travers le pays, allant jusqu'à arrêter les citoyens russes qui voulaient simplement lui rendre hommage à Moscou. Le nom de Navalny n'a jamais été prononcé en public par Poutine, histoire de souligner par l'omission qu'il n'était pas grand-chose. Vivant, il n'a jamais reçu l'autorisation de voir des médecins choisis par lui. Mort, son corps est refusé à sa famille. Les grands assassins comme Hitler ou Staline n'avaient pas honte de leurs crimes et ne les cachaient pas, ils s'en vantaient même. Les voyous montés en graine comme Poutine sont des assassins honteux qui nient leurs crimes et les maquillent. Parions que la pseudo-enquête diligentée par Moscou « prouvera » bientôt, certificats médicaux à l'appui, que le courageux opposant a succombé à la mort subite du nourrisson,  une malformation cardiaque indécelable ou un coup de froid parce qu'il était sorti sans écharpe. Il faudra être acheté, aveugle, ou victime d'un torrent propagandiste pour croire à la pitoyable et tragique fable qu'ils vont nous concocter.

Dans certains films il arrive que le « bien » triomphe du « mal » et les « gentils » des « méchants » ; la vie n'est pas Hollywood et les fins y sont rarement roses. De plus la « roue de l'info » tourne à pleine vitesse. Il est donc possible que le tsar au petit pied et ses cloportiques sbires réussissent à faire oublier au reste du monde et aux Russes eux-mêmes le sens des combats de l'avocat assassiné. Leurs simagrées prouvent au contraire leur crainte que, mort, il ne soit pour eux aussi embarrassant qu'il ne l'était vivant : le fantôme de Navalny n'est pas près de disparaître et, à défaut de hanter des consciences depuis longtemps anesthésiées par l'habitude du mensonge, des vices et des crimes, il pourrait se révéler une impressionnante présence post-mortem, une menace politique sérieuse pour un régime ayant perdu toute légitimité morale vis-à-vis de son propre peuple.


QUE DES BONNES NOUVELLES !

Follohoueurs, follohoueuses de mon coeur,

Vous êtes comme moi assaillis dès que vous ouvrez les yeux ou les oreilles : les bombes qui tombent à Kiev, Gaza, explosent à Téhéran, Bagdad, les tremblements de terre au Japon. Et plus émergent les pratiques mafieuses et criminelles de M. Trump, plus il monte dans les sondages.

Alors je vais vous annonce non pas une, non pas deux, mais trois bonnes nouvelles :

1/ Le réchauffement climatique, c'est fini.
La preuve : nous sommes à New York depuis  quatre semaines et il commence à faire froid. Il est évident que se font sentir les premiers résultats de la COP 28, dont les écolo-gauchos doutaient, prétendant qu'elle n'était qu'un cache-misère et, pire, un paravent sur les juteux deals pétroliers conclus par son président, Sultan Al-Jaber. Ah, c'te mauvaise foi !

2/ Le racisme dans les sociétés occidentales, c'est fini.

3/ La misogynie et les discriminations envers les femmes, c'est fini !

CQFD : suite à des manifestations pro-palestiniennes sur leurs campus et à des accusations d'antisémitisme, plusieurs présidents d'universités prestigieuses ont été amenés à s'expliquer. Trois ont été contraints à la démission, mais il n'y a que les esprits chagrins pour relever que ce sont uniquement des femmes qui ont dû quitter leurs fonctions - la dernière en date, celle de Harvard, se trouvant être d'origine haïtienne. Une femme noire (« la présidente noire de Harvard » titre le site Actualités internationales dont je reçois la newsletter tous les jours) certes, mais on a découvert en plus que cette « enseignante réputée » n'était qu'une bidon : elle avait pratiqué le plagiat dans certaines de ses publications universitaires.

Est-ce parce qu'elle est noire et ne devait sa position qu'à la couleur de sa peau ? Je ne sais pas : des études très sérieuses ont démontré que les Noirs étaient doués pour beaucoup de choses (la boxe, le sprint, le basket, le vol à la tire, le jazz?), mais pas les études : comme dirait M. Zemmour, ce n'est pas un crime en soi d'être femme et noire, mais les « progressistes woke » qui l'ont installée dans sa position sans qu'elle en ait les compétences portent une lourde responsabilité dans cette affaire.

Le président de Yale n'a jamais été inquiété, lui, non qu'il soit un homme blanc, mais parce que dans son établissement les étudiants ont continué à étudier et n'ont pas transformé leur campus en un vaste forum de propagande pro-Hamas.

J'entends : il y a sur le campus de la très richement dotée Yale plus de professeurs et d'employés administratifs que d'étudiants, donc les risques de « débordements » sont plus limités qu'ailleurs.

Quant à Mme Gay, elle s'est expliquée  il y a quelques jours dans un bref papier du gauchiste New York Times. Elle a plaidé « l'erreur » et tenu des propos enfin clairs et nets sur sa condamnation du Hamas ; quant à ses plagiats, elle les a niés. Quelques manques mineurs dans la citation de ses sources. Une paille.

Trop peu, trop tard? est-ce parce que c'est une femme noire qu'elle est si empotée ? Ou bien elle nous prend pour des caves ?

Je ne me prononce pas, mais une chose est certaine : il n'y a aucun préjugé de sexe ou de race dans cette affaire. Aucun.

Sur ce, bonne année, follohoueurs, follohoueuses - et surtout la santé !

 


À CHACUN SES MAÎTRES

Pour éclairer son choix de l'insérer en son Dictionnaire, M. Beig nous informe que M. Matzneff fit partie de ses « maîtres » en littérature. Je le lui laisse volontiers.

M'étant toujours tenu à bonne distance (physique et littéraire) de cet exécrable personnage, je ne fais pas partie de ceux qui, de gauche à droite, ont attendu le beau et terrible Consentement de Vanessa Springora pour blacklister celui qu'hier encore, à la suite de Cioran, d'Ormesson et  Sollers, ils couronnaient des lauriers entremêlés de la transgressivité sulfureuse et du grantécrivanisme. « Certes, nous disait-on, ce n'est pas un professeur de vertu, mais quel style ! » Comme eût dit Zazie : le style Matzneff, mon cul !

Dans la grande filière littéraire pédocriminelle française, je vois du style à Montherlant, je vois du style (et plus) à Gide, je vois du style à Jean Genet, à Tournier, mais le style de Matzneff, j'ai tenté d'y goûter en me pinçant le nez, mais please, chaque phrase est ampoulée jusqu'à l'amphigouri, l'ensemble confus, prétentieux, ennuyeux - et je ne parle des journaux où il étalait avec  une complaisante vulgarité les pitoyables détails de son tourisme sexuel !  bref, le style Matzneff, je le laisse à M. Beig, M. Houell et autres.

Après les « grands classiques » jamais morts en mon coeur, mes maîtres français en littérature étaient de jeunes morts encore palpitants de vie - Nizan, Nimier, Camus - et quelques vieux toujours jeunes - Giono, Aragon malgré tout, Gary via Ajar, Gracq of course (moins aujourd'hui), Duras bien sûr (moins aujourd'hui), Beauvoir et Sartre (Les Mots)un peu, Kessel, Cohen Belle du seigneur de moins en moins[1], (ce qui précède, de Solal au Livre de ma mère, de plus en plus), Blondin encore et toujours (tout). J'aimais Vian, comment ne pas ? Mais plus encore Queneau? Delteil et Hardellet aussi, discrets enchanteurs de jardins secrets - et naturellement Modiano, jeune géant timide et magnifique dont une dizaine d'années et quelques chefs-d'oeuvre me séparent - une paille ?.

Références
Je ne ferai pas l'injure à mes chers follohoueurzéfollohoueuses de leur donner mes conseils sur Giono, Vian et Queneau, Nimier et Blondin ou Gary/Ajar - vous ne m'avez pas attendu. Voici quelques recommandations de Noël sur des auteurs à la notoriété moins établie :
    Pour Hardellet Le Seuil du jardin et Lourdes, lentes, son texte érotico-poétique censuré à l'époque (« L'Imaginaire »Gallimard) ;
    Pour Delteil les ?uvres complètes (Grasset) ou, histoire de s'initier, sa Jeanne d'Arc (« Les Cahiers rouges » Grasset)

À part, et réédités dans « L'Imaginaire »,deux auteurs dont je n'ai lu qu'un livre qui m'a ébloui :
Les Vanilliers, de Georges Limbour ;
La Bâtarde, de Violette Leduc.

Et puis comment ai-je pu ne pas citer plus haut, anges plus que maîtres, les noms de Cendrars et Supervielle, poètes venus à coups d'ailes d'un lointain ailleurs, comme les Mauriciens Malcolm de Chazal et Loÿs Masson ?

Pour les retrouver tous (plus quelques autres), n'oubliez pas ma folie Au commencement (480 pages, 30 euros seulement).



[1] Ma fidèle Malcampo m'avoue n'avoir jamais dépassé le premier tiers.


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