Antoine Audouard

Blog de Antoine Audouard


IL FAUT UN DEBUT A TOUT

Anon est entré dans ma vie il y a bientôt deux ans, au début de l'été: un paquet de feuillets sortis d'on ne sait où, qui racontaient une drôle d'histoire - et en vers! Gag?  Au fil des mois, j'ai bien dû me rendre à l'évidence: cet auteur qui ne voulait pas dire son nom m'avait choisi comme destinataire de son vaste délire et me le confiait pour que j'en fasse le meilleur usage... Alors pour commencer, j'ai décidé d'en lire des extraits... Il y a quelques années, Borges prédisait le retour de la poésie épique comme forme narrative majeure; je ne suis pas sûr qu'il avait en tête quelque chose d'aussi déjanté... Quoiqu'il en soit, Anon m'ayant réveillé toutes les nuits depuis lors, il était temps que j'en aie le coeur net. Que la Chanson commence!


TRENTE NEUF MINUTES ET QUELQUES SECONDES

 

Combien de temps dure une histoire courte? Sa lecture, en tout cas, devrait être brève - d'une seule traite. Mais l'art de l'histoire courte, en quelques pages, nous emmène au cours d'une vie, comme dans la célèbre Dame au Petit chien de Tchekhov, ou en quelques secondes. Une nouvelle de Hemingway est célèbre pour son début - on verra que c'est pour des raisons de valeur inégale - mais elle annonce également sa durée exacte: trente-neuf minutes et quelques secondes...


PAR UNE NUIT SOMBRE ET TEMPETUEUSE...

Il fut un temps où les hommes politiques anglais, qui se moquent des ambitions littéraires de leurs homologues français (en quoi la lecture, par exemple, de la Princesse et le Président, de Valéry Giscard d'Estaing, peut nous inciter à quelque compréhension) ne dédaignaient pas la confusion des genres. C'est que le baron Edward Bulwer-Lytton débuta l'un de ses oubliables romans par une phrase demeurée célèbre : It was by a dark and stormy night? Cette « nuit sombre et tempétueuse » a depuis un siècle et demi été reprise bien des fois, sous une forme ou une autre, avec ou sans ironie. C'est elle qui ouvre l'éternel roman dont Snoopy entreprend la rédaction (celui qui ne dépasse jamais quelques lignes)? et elle qui inspire bien des romanciers qui n'ont pas forcément l'excuse de manquer de métier.

 


DE BALEINE EN BALEINE

En octobre 1851, Hermann Melville publiait Moby Dick dans une assez parfaite indifférence ; avec le temps seulement résonneraient ses trois paroles d'ouverture, profession de foi curieusement familière et prophétique: Call me Ishmael. A cent ans de là, exilé dans le gris parisien, c'est tel Jonas (toujours les baleines...) qu'un jeune Juif de Chicago trouva un renouvellement décisif dans son inspiration romanesque - un renouvellement qui nous inspire encore.

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