Antoine Audouard

DEGAGISME ET BARRAGISME...

24/04/2017

... LES DEUX MAMELLES DE LA DEMOCRATIE

 

Passé le soulagement vague que le duel du 2e tour de la présidentielle ne soit pas l'un de ceux que l'on peut pouvait craindre surgissent quelques amusements : que dans la continuité historique de ses meurtrières batailles internes, l'extrême gauche française n'arrive pas à se mettre d'accord sur une candidature unique susceptible de rassembler le score vertigineux de 2 % ; que MM. Cheminade et Lassalle aient pu prolonger, malgré les obstacles institutionnels, la glorieuse tradition du candidat impossible inaugurée en 1965 (Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) par l'inoubliable et larmoyant M. Barbu (« Barbu n'est pas un traître ! »).

Puis on en vient à s'interroger sur deux grand « gismes » dominants de la vie politique locale.
Le « dégagisme », nous assure-on, a été l'une des arques de cette campagne : à voir sur les étranges lucarnes les visages des gagnants et perdants de tous les camps, on peut s'interroger. Dégageront-ils, ces infatigables partouzeurs des plateaux, sarkozystes contrits, hollandistes honteux, les Copé, les Dray, les Bayrou, les Le Guen ? Et en 2022 reverrons-nous M. Mélenchon, lui-même venu se réinventer en hologramme de l'insoumis vainqueur ?

Puis vient le « barragisme ». Né il y a quinze ans avec la qualification de M. Le Pen pour le 2e tour (non, Marine, tu n'es pas la première !), celui-ci tend à devenir le grand facteur unificateur des partis de gouvernement traditionnels : que l'on soit de droite ou de gauche, on veut « faire barrage ». L'image de MM. Fillon, Hamon, Juppé d'un côté, de l'autre Mmes Pécresse, El Khomri, Vallaud-Belkacem, tous enlacés sur une place publique pour faire rempart de leur corps aux hordes lepénistes a quelque chose de terrifiant et grotesque qui pourrait donner envie de s'abstenir. Depuis quinze ans que ces résistants courageux font barrage, le Front National a connu une ascension irrésistible, passant de groupuscule d'extrême droite à alternative de gouvernement crédible, le tout malgré le barragisme démocratique intense qui l'attend à chaque coin de rue - et je m'en voudrais de ne pas mentionner les groupes de militants qui vocifèrent et cassent à toutes les occasions pour nous persuader que le fascisme ne passera pas.

Ayant voté pour M. Macron au premier tour, non par résignation mais parce qu'une certaine modération de tempérament sur nos terres furieuses me paraît bienvenue, il semble raisonnable de penser que je m'exécuterai à nouveau dans deux semaines, espérant seulement ne pas avoir entre-temps les oreilles cassées par la clameur barragiste et rêvant, sans trop y croire, que cet Amiénois supporter de l'O.M. réussisse à préparer un gouvernement point trop entravé par les guerriers dégagistes.

 

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