Antoine Audouard

Blog de Antoine Audouard



UN INTERMINABLE GUANTANAMO JUDICIAIRE

Mourad Benchellali (photo le Figaro)

Il y a bientôt six ans, dans l'avion qui le ramenait de Guantanamo, Mourad Benchellali et ses cinq compagnons français pensaient que leur cauchemar était terminé. Après deux ans et demi de détention dans des conditions dénoncées universellement, Mourad allait retrouver la liberté et le chemin d'une vie à reconstruire. Il n'en a rien été - et l'on peut même se demander si le nouveau cauchemar dans lequel il est entré n'est pas, à certains égards, comparable au précédent. Il implique le système policier et judiciaire français, l'hypocrisie gouvernementale et l'indifférence de tous.
 


Français, mais pas vraiment

Libres et égaux en droit? Remarques sur la discrimination administrative de base qui fait la distinction entre Français "de catégorie 1" et Français de "catégorie 2".


Au commencement il y avait le silence

A La Maison de Quartier de Wazemme (Lille) en juin 2009, Samira m'a invité à la "remise des travaux" de son association, Mademoiselle S. Chanteurs, slammeurs, femmes en quête de mémoire... Une histoire de rencontres et de mots. Avant de venir, je lui avais demandé ce qu'elle attendait de moi. "Rien, a-t-elle dit, que tu sois là."

Voilà.


LE CHEMIN DE NOTRE VIE

« Nel mezzo del cammin di nostra vita.. » « Au milieu du chemin de notre vie... » Le célèbre premier vers de « l'Enfer » de Dante nous le rappelle : ce que nous lisons d'abord, le début, n'est qu'un milieu. Beaucoup d'histoires sont dites commencer « in medias res » - comme si une porte s'ouvrait dans la vie, parfois avec douceur, parfois avec brutalité.


COMME LA FLAMME DEVORE LE BOIS

La vérité par le mensonge, écrivait Vargas Llosa, et la formule est trop habile pour être tout à fait recevable - et puis c'est le mensonge qui nous attire en elle alors que son terme le plus important est le premier : la vérité. J'en vois qui vont grincer : mettre la littérature sur ce terrain, ce serait l'envoyer sur la pente glissante du moralisme qui, comme chacun sait, se termine en bondieuserie ou en réalisme socialiste. C'est un faux procès.


UNE MANIERE D'ETRE LA

« Un vrai reporter, écrit Kapuscinski, n?habite pas au Hilton, mais dort là où dorment les héros de ses récits ; il mange et boit la même chose qu?eux. Un texte honnête ne peut naître que de cette manière. » Chez Kapuscinski, l?humilité est une forme d?exigence supérieure, pas éloignée de l?ascèse, voire du martyre. L?homme était peut-être plus fier de toutes les maladies qu?il avait attrapées que des quelque quarante coups d?état auxquels il avait assisté.

 


UNE NOUVELLE HISTOIRE

Dans un passage célèbre de « Paris est une fête », Hemingway écrit : « Parfois, lorsque je commençais une nouvelle histoire et n'arrivais pas à la faire décoller, je me levais et je regardais les toits de Paris en pensant: « Ne te fais pas de souci. Tu écris depuis toujours, tu écriras aujourd'hui. Tu dois seulement écrire une phrase vraie. Ecris la phrase la plus vraie que tu connaisses. » Et finalement j'écrivais une phrase vraie, et je continuais à partir de là.


VOIES NAVIGABLES

« Dieu me garde de parler de ce que je ne connais pas? » Comme tous les conseils de Tchékhov, celui-ci est empreint d'une tranquille sagesse : combien de fois les écrivains devraient se garder de s'engager dans un domaine dont leur fréquentation est limitée. On éviterait deux des maux courants de la littérature médiocre : le cliché et la pirouette. D'un article récent cité par Simon Leys, je tire un contre-exemple amusant et profond.


UN ONGLE TRANSPARENT ET FRAGILE

Je lus « le Portail », de François Bizot, une nuit de septembre 2000, nuit amère et brûlante d'où j'émergeai épuisé, comme si j'avais été battu ; il entra aussitôt dans ce petit nombre des livres dont on peut dire sans excès qu'ils ont « changé votre vie ». Ce double récit est dominé par la présence fantomatique, et pourtant bien réelle, des Khmers rouges dont il fut le détenu. Mais ce survivant, ce grand ethnologue, cet humaniste dominé par l'inquiétude,  est aussi un écrivain qui a longuement mûri. Son univers littéraire est habité de cris d'oiseaux, d'arbres aux racines géantes, de pousses écrasées dont l'odeur se répand sur la terre, où s'attarde le vent froid qui souffle des bambous.


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