Antoine Audouard

Blog de Antoine Audouard


TOUS GAULLISTES ?

En ce quatre-vingtième anniversaire de l’appel du 18 juin 1940, voici tous nos politiciens  - ou presque – devenus gaullistes – sauf l’extrême gauche j’espère. De Mme Le Pen, qui oublie  que son mouvement, même ripoliné, est issu des relents du régime de Vichy   et  de l’OAS, farouchement opposée au général, au président Macron, pensant que l’air de Londres grandira sa stature, ils sont tous fous du « grand Charles ». À l’auberge de Gaulle, chacun fait ses courses : provisions  de résistance,  d’indépendance nationale, d’anti-américanisme, d’anti-fédéralisme européen. Depuis que le « gaullisme » est allé recruter des adeptes bien au-delà des combattants de la France libre, voire d’une famille politique assez disparate où l’on rencontre tout du socialmou tristounet au guévariste non repenti, la tendance paraît irrésistible. Avoir été « tous Charlie », nous voici tous « Charlot ». Dans les deux cas, je  me sens plus  Chaplin qu’autre chose – voire carrément Marx (tendance  Harpo)  ou Stooges (tendance Curly)

Au risque de détonner légèrement dans ce rare et émouvant concert d’unité nationale il faut rappeler que le parcours de ce grand personnage de notre histoire  ancienne ( le XXe siècle, d’ici peu cela fera très longtemps[1]), pour admirable qu’il soit dans les années 1940, est  par la suite chargé d’ambiguïtés et de contradictions - autant de zones d’ombre portées sur « l’homme de Londres ».  Notre « libérateur », ancien collaborateur de Pétain, fut aussi celui qui  après le massacre de Sétif en Algérie, ordonna contre les nationalistes de « prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tous agissements antifrançais d'une minorité d'agitateurs." –  signes du degré de conscience qu’il avait des aspirations à l’indépendance de peuples colonisés d’un empire écroulé. On ne tarderait à en payer le prix en Indochine, l’ancienne « perle » de la colonisation française :  ignorant les rapports informés et les sages conseils de ses propres amis, aveuglé par « une certaine de la France » De Gaulle ferma  délibérément les yeux sur la réalité de la situation, détruisant les prémices de ce qui aurait pu devenir un Commonwealth à la française : lavant les Hollandais en Indonésie  et les Anglais en Inde, le général Leclerc avait sagement signé les premiers accords de paix d’une puissance coloniale avec un de ses territoires: ceux-ci furent torpillés par un amiral d’Argenlieu (« le Carme naval » était son surnom)  envoyé par  De Gaulle  qui craignait le prestige de Leclerc – le seul général français invaincu de la Deuxième Guerre mondiale. Ce sont bien des militaires qui finirent par se soulever contre De Gaulle selon la loi qu’à force de dire (ou de penser) des choses horribles, elles finissent toujours par arriver - pas Leclerc,  qui  outre une loyauté personnelle vis-à-vis du général, était habité d’un respect pour la légitimité républicaine, doublé du sens militaire de l’obéissance aux ordres ; l’infortuné mena contre son propre gré les commencements d’une guerre qu’il savait meurtrière et ingagnable avant, ayant survécu à tous les combats, d’aller mourir pour la France dans un  mystérieux accident d’avion lors d’une tournée d’inspection.

Pour en finir avec De Gaulle, c’est bien notre « héros » qui alla en Algérie faire, deux années de suite, la « tournée des popotes » et promettre qu’il ne lâcherait jamais l’Algérie française avant d’infliger à ses partisans un logique mais brutal aggiornamento qui en laissa beaucoup aussi déboussolés que leurs pères l’avaient été par la résignation, puis l’abjecte plongée d’un vieillard égrotant qui consacrait son énergie finissante, non à « limiter les dégâts » de l’invasion et de l’occupation nazies, comme certains le prétendirent par la suite, mais à assouvir ses appétits sexuels : Pétain avait été et restait pour une génération le « héros de Verdun ». Ce qui entache l’image de De Gaulle ne se compare pas à ce que fut le naufrage politico-moral de Pétain, mais force est de constater que « l’homme du 18 juin » n’a pas toujours été au fil de sa longue carrière ce modèle de « vertu » romaine gallicisée que ses thuriféraires de tous bords nous peignent Gaulliste,  donc , moi? Non -, ni antigaulliste, d’ailleurs, comme l’était mon père avec la férocité particulière aux doux et tendres quand ils s’y mettent, décuplée par la férocité opposée de mon grand-père maternel, résistant de la première heure et gaulliste jusqu’au-boutiste dont la fidélité de grognard avait survécu à toutes les « révisions déchirantes » d’une vie rythmée par  les  terrifiantes et changeantes  formes françaises de la passion politique. S’il est toujours trop tôt, selon le mot célèbre de Zhou-En- Lai, pour mesurer pleinement les conséquences de la Révolution française, nous devrions être en   mesure de commencer à observer nos « grands hommes » sans avoir à les idolâtrer ou les dézinguer, dans leur complexité humaine et la lumière de la complexité non moins grande des situations historiques qui furent les leurs. Nous n’avons pas à épouser les partis pris violents de nos aïeux, à nous installer dans des cultes mémoriels de région ou de classe qui se reproduisent de génération en génération et entretiennent ce que mon (toujours plus) regretté Tzvetan Todorov appelait « les abus de la mémoire » et nous pouvons tenter de connaître notre propre histoire, non pour en cultiver de douloureuses nostalgies ou des haines recuites, et pas non plus pour nous en dégager et nous réfugier dans une impossible neutralité - retrait d’indifférence ou de mépris qui porte d’ailleurs ses propres dangers. Nos opinions, nos convictions, nos jugements pour aujourd’hui et demain, sans se trouver ligotés, peuvent être éclairés par ces regards sur le passé – une idée gaullienne d’ailleurs puisque celui-ci s’était efforcé de présenter à la Nation la « nouvelle constitution » (celle de 1958, sous laquelle nous vivons encore) dans la continuité de la monarchie et les constitutions de quatre républiques.

PS. c’est pas tout ça, les filles, je prends du retard dans les Mémoires d’ outre-tombe : quatre mois de lecture et je commence à peine le livre XVII. L’âge, que voulez-vous…

Références : Hitler connais pas, documentaire de Bertrand  Blier (1963) disponible sur Youtube et Googleplay film pour une somme modique.

Pour les biographies de De Gaulle ou les essais à lui consacrés, consultez votre libraire ou votre meilleur pote gaulliste, je ne suis pas qualifié. De Peyrefitte à Lacouture en passant par Max Gallo et Régis Debray, il y aura bientôt à son sujet autant de littérature que sur un autre de nos discutables et fascinants grands hommes : Napoléon Bonaparte.

On peut toujours se référer à la version de l’histoire donnée par l’intéressé dans ses Mémoires de Guerre et ses Mémoires d’Espoir.  (les deux en un volume chez Plon). Pas de prétention à l’objectivité mais c’est passionnant et superbement écrit – un point qui peut mettre d’accord les « pro », les « anti » et les « sans-op ».

Promotion familiale gratuite : Révolutionnaires sans Révolution (Robert Laffont, 1972) et Révisions déchirantes (le Pré aux Clercs, 1987), d’André Thirion – à ma connaissance le premier nommé, indispensable pour qui s’intéresse au mouvement surréaliste, est toujours disponible dans sa réédition de la collection Babel d’Actes Sud (1999), pour le second, plus politique, comme l’intéressant « sequel » de Révolutionnaires, Eloge de l’indocilité (Laffont, 1973), ça doit se trouver d’occasion. Depuis que j’ai dû recourir à la menace physique pour récupérer mon exemplaire dédicacé de  Révolutionnaires (« Il est dans l’ordre des choses qu’une ou deux générations d’êtres humains soient en position de croire qu’ils remplissent, enfin, le tonneau des Danaïdes. Je souhaite, Antoine, que tu sois de ceux-là et que cette dédicace te porte, néanmoins, à ne jamais négliger les Danaïdes pour le tonneau »), je ne prête plus  mes Thirion.



[1] Né une dizaine d’années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, je m’en sentais très éloigné dans le temps mais à défaut de souvenirs personnels j’avais ceux de ma famille et n’étais pas de ces Hitler connais pas du documetaire réalisé par  le jeune Bertrand Blier, futur réalisateur des Valseuses et autres  Trop belle pour toi.


DANS LA VIE OU OUTRE-TOMBE ?

C’est à Rome, étranglé par le chagrin de la mort d'une amie (just a lady friend, petits cochons, no sex !) que Chateaubriand conçoit pour la première fois le projet de ce qui deviendra les Mémoires d’outre-tombe. Cela s’appelle « Mémoires d’une vie » ( il a trente-cinq ans). Voici ce que ça donnait :

« Après avoir erré sur la terre, passé les plus belles années de ma jeunesse loin de mon pays, et souffert à peu près tout ce qu'un homme peut souffrir, la faim même, je parvins à Paris en 1800 ».

Pas mal envoyé, faut dire. Écrivant à quarante ans de là, il note une partie de ce qui eût été perdu –  non pour nous[1], mais pour son plaisir d’écrire. Ni sa famille, ni son enfance et sa jeunesse, ni ses voyages ou son exil ne font alors partie du projet - pas plus les magnifiques reportages (sur la cour à Versailles, le Paris révolutionnaire) ou les portraits de célébrités ou d’anonymes qui font pour nous le prix de cette œuvre unique.

Toute question stylistique à part, il me semble qu’écrire d’outre-tombe plutôt qu’encore attelé à sa vie le libère. Le Chateaubriand public, apologue du christianisme, ne pourrait décrire la mort de Pauline de Beaumont sans en faire une scène édifiante. Ici, les intentions générales demeurent, mais à travers sa peine s’expriment des sentiments d’une violence que le style, toujours tenu, ne rabote en   rien : les larmes sont encore accrochées à chaque mot. « nous tous qui prétendons vivre, nous sommes déjà morts.» Ne faut-il pas avoir  beaucoup perdu d’êtres aimés pour écrire ces lignes ? Né triste et « ennuyé » de nature, Chateaubriand semble parfois n’avoir « traîné sa vie et ses songes que pour creuser le sillon d’un profond chagrin d’être. À bientôt deux siècles de distance, l’outre-tombe  donne à la relation d’une vie aventureuse en tous domaines la richesse, la complexité tonales d’infinies vibrations qui nous touchent  plus  profondément que ne l’eussent fait les « Mémoires d’une vie », même superbement écrites.

 

[1] Quoique… malgré les pages où il proclame so peu d’intérêt pour la postérité, il semble souvent engagé dans un dialogue imaginaire avec des humain du futur.


TERRITOIRE DES FANTOMES

Rien en apparence - hormis la proximité de leur date de naissance (1943 pour l'Espagnol, 1945 pour le Français) - ne semble rapprocher deux de mes écrivains contemporains favoris, Patrick Modiano et Eduardo Mendoza. Là où le premier s'enfonce dans l'infini dédale des ruelles toujours plus sombres de la mémoire collective, le second s'ingénie avec un plaisir retors à voir tourner la roue cruelle de l'histoire de celle qu'il appela « la ville des prodiges » : Barcelone.

Mais entre le flâneur tragique français et le féroce amuseur espagnol, je découvre plus d'un point commun : l'amour passionné des rues non telles qu'elles sont, mais pour ce qu'elles portent des traces de ce qu'elles furent ; le goût obsessionnel d'une enquête dont l'enjeu échappe à celui qui la mène et apporte une perturbation mineure dans la marche d'un monde qui toujours crie « Oublie ! Oublie ! » et pour qui il faut à tout prix avancer.

        Qui sont ces deux hommes déjà âgés qui auront passé l'essentiel de leur vie à se démonter le cou pour apercevoir des ombres derrière leur épaule ? Impossible de réduire Modiano à l'obsession des « années noires » de l'Occupation, et réducteur de borner Mendoza à l'évocation d'un Barcelone qui n'est plus. Ce sont l'un et l'autre des chasseurs de fantômes : ceux de Mendoza sont volontiers farceurs et ceux de Modiano ont tendance à porter de longs manteaux gris ou, tout aussi inquiétants, d'épais  blousons de cuir - et chez les deux écrivains, de fuyantes vérités sont celées dans les pages arrachées d'agendas oubliés ou les feuillets écrits à l'encre sympathique ou barbouillés à l'urine des pauvres ou des chiens - et quand, finalement, à force d'obstination, les mots apparaissent, la part de ce qu'ils laissent dans l'ombre est plus vaste que celle qu'ils éclairent d'une lumière  grise - et les fantômes peuvent s'éloigner le long des murs dans le silence ouaté d'un crépuscule où nul n'aura l'étrange idée de les pourchasser.

Références récentes , dans une abondante bibliographie :

Patrick Modiano, Encre sympathique,Gallimard, 2019.

Eduardo Mendoza, Les Égarements de Mademoiselle Baxter, Éditions du Seuil, 2016.  

 

 


TOTÒ, NOTRE HEROS

          J'adore les histoires de Toto en général, mais celle qui suit n'en n'est pas une.

Il s'agît bien du grand Totò, le Totò majeur à qui nous sommes quelques-uns, constitués en une société secrète, à vouer un culte :  le Prince Antonio De Curtis, pour l'état civil, est le génie méconnu du cinéma italien et mondial ; à la fois Keaton et Chaplin, Louis de Funès et Fernandel (il a tourné avec les deux comiques français - pas ses meilleurs films, d'ailleurs) avec un registre allant de la farce vaudevillesque au cinéma « intellectuel ».

          Imagine-t-on le jeune Jean-Luc Godard allant chercher Fernandel ? C'est ce que fit Pasolini, qui exigeait Totò et nul autre pour l'un de ses premiers - et meilleurs - films : Uccellacci e uccellini (Des Oiseaux, petits et gros, en français).

          Dans la plupart de ses films comiques, Totò incarne un homme à la fois timide, délibérément lubrique et curieusement respectueux des femmes. Il faut le génie mimique de ce Napolitain pour passer en deux plans de l'expression du mâle libidineux face à une jeune femme aux formes appétissantes à celle d'un homme généreux et discret qui, touché par le malheur d'une jeune fille, intrigue à tout va pour l'arracher à un mariage arrangé où elle serait à coup sûr malheureuse.

          Quitte à me faire à nouveau allumer par l'anti-gazalisme forcené de mon lecteur-disputeur, je vois ce Totò-là comme une inspiration possible pour l'homme moderne désemparé face à la femme émancipée : il est possible d'être désirant sans être violent ou méprisant, et cet élan vital nous rend complices et amis de cette moitié du genre humain sans laquelle nous serions seuls - et ennuyés à périr.

Références :

          Que les authentiques totoistes - mon ami Nata Rampazzo en tête - me pardonnent, mais je ne peux citer que quelques-unes des oeuvres où brille ce merveilleux prince, clown, poète et philosophe :

- Le Pigeon (I soliti ignoti), du phénoménal Mario Monicelli, dans lequel, sur un toit romain, il donne un inoubliable cours d'ouverture de coffre-fort à ses comparses - parmi lesquels Vittorio Gassman et le jeune Marcello Mastroianni.

- Des Oiseaux, petits et gros, de Pier Paolo Pasolini, un road movie inattendu dans lequel la sensibilité sociale du jeune PPP se marie heureusement avec son humour poétique surréaliste.

- Un Turco Napoletano, de Mario Matolli, une « farce à la française » sans queue ni tête mais délicieuse.

Gendarmes et voleurs, un divertissement improbable, guignolesque et très humain, entre ces deux pôles opposés et complémentaires de l'ordre social.

Pour les italianistes et les puristes, il existe deux coffrets Tutto Totò en import, non sous-titrés mais délectables de bout en bout.

Dans une abondante filmographie, je suppose (peut-être à tort) qu'on peut négliger des titres comme Sexy TotòTotò et Cléopâtre ou encore Totò contre Maciste. Totò en couleurs est un film à sketches assez complètement oubliable, qui ne vaut que pour les moments où les origines vaudevillesques de notre héros sont mises en valeur.


PREMIERES IMPRESSIONS DU MONDE D APRES

Au journaliste d’Europe1 (j’attendais Canteloup) qui lui demandait à quoi ressemblerait l’entreprise du « monde d’après» , le « patron des patrons » a répondu avec une douceur, dont il ne fait sans doute que plus rarement montre au cours de ses négociations avec la CGT, que le monde d’après, selon lui, ressemblerait au « monde d’avant » - on n’est pas disposé à prendre pour Socrate le représentant des intérêts du « grand capital » (années 1960 et 70 , accent Georges Marchais), du « mur d’argent » (années 1930) ou des « riches du CAC 40 » ( Mélenchon), mais force est de constater que M. Geoffroy « De Médeux », pointait ainsi de façon subtile le   ridicule de cette novlangue qui, comme après chaque désastre, nous invente un mot ou une expression pour faire croire au peuple que plus rien ne sera comme avant.

J’observe mon petit coin de monde d’après de derrière mes lunettes et je suis bien obligé de constater que M. Geoffroy (où vont-ils les chercher avec des prénoms pareils ? pas dans le Petit Nicolas !) n’a pas tort : ma rue ressemble à ma rue, les cons aux cons, même derrière un masque – sans compter ces « nouveaux rebelles » qui en ont un mais le portent sur le front ou sur le cou – les cyclistes et trotinneux roulent sur le trottoir, les smombies font vivre leur épopée aux potes et potesses sur Facetime, tandis que les « seniors » et les invalides (je suis un cumulard), ayant contourné  par la chaussée une palissade de travaux, essaient de les éviter. A part ça je suis toujours amoureux de mes quatre boulangères mais ne le dites pas à Nourdine qui est un patron exigeant et un chef de famille ombrageux ; Claire ne travaille plus chez le fleuriste « Au pélican », mais Fanny est fidèle au poste et au Bistrot du Canal, où, aidé de Nabil Kamel elle a courageusement tenu la barre, les pochtrons reviennent un par un – sauf Christopher dont on est sans nouvelles. Quant à Giacomo, il ne peut rouvrir son petit restaurant (pas les lasagnes !) pour deux tables de deux sur le trottoir, ni  profiter de l’extension d’occupation du domaine public en envahissant la rue du château Landon. A la poissonnerie « le paradis des mers » Eric a été remplacé par Sofiane et Jeremy est toujours aux côtés de Jihed – quant à Fakri, ses horaires d’ouvertures sont aussi aléatoires, mais on peut compter sur les trésors de son bazar/ droguerie. Au pire, quitte à l’agacer, il y a deux trois bazars tenus par des Pakistanais dans le coin.

Pour le reste, que j’attende Canteloup le matin sur Europe 1 ou le soir sur TF1, je note que dans la réclame, la tendance à vouloir m’aider - voire à sauver le monde – est toujours aussi marquée. C’est beau, le monde d’après : chacun veut le bien de tous et œuvre à sa mesure pour le bien commun.

Promotion gratuite. « Au Pélican fleuriste », 209 rue du faubourg st Martin. Claire a été remplacée par Cassandra.

Boulangerie « Les Gamins du faubourg », 210 rue du faubourg st Martin.

Poissonnerie « Au paradis des mers », 209 rue du faubourg st Martin.

« Le Bistrot du canal », 224 rue du faubourg st Martin.

« La caverne de Fakri Baba », 215 rue du faubourg st Martin.

Chez Giacomo, 8 rue du Château Landon.

Le Petit Nicolas est toujours disponible à la librairie Litote, rue Alexandre Parodi, ainsi que l’inoubliable best-seller de Géraldine Collet, Et toi où tu fais caca?


PETITE THÉORIE DU CONFINEMENT HEUREUX

PETITE THÉORIE DU CONFINEMENT HEUREUX

Hier dans la matinée, tandis que la toile, les ondes et les écrans se remplissaient peu à peu de messages plus ou moins fantaisistes sur les mesures de confinement qui seraient annoncées  le soir par M. Macron, l'un de mes vieux amis m'a envoyé un message pour prendre de nos nouvelles et m'annoncer qu'il allait organiser chez lui des  « déjeuners joyeux » qu'un homme éduqué, ayant comme moi fait face à une sérieuse maladie et s'en étant sorti par la peau du cou, soit à ce point inconscient, m'a surpris sans m'indigner - deux jours plus tôt, fort de mon « immunité », j' étais encore dans le même état d'esprit et il m'avait fallu les admonestations  affectueuses d'une amie docteure pour me forcer à atterrir. J'ai simplement répondu à mon cher et vieil ami que de mon côté je préparais le confinement joyeux.

Je ne suis pas certain de ses contours mais il me semble qu'avec de quoi se nourrir et nourrir sa famille, un téléphone, une télé et une bonne pile de livres, on doit pouvoir s'en sortir de bonne humeur - ajoutez un petit tour de pâté de maison, avec ou sans chien.

Alimentation : tous les magasins sont ouverts dans le quartier et je fais la supposition raisonnable que si on ne peut pas trouver « tout » ce dont on aurait envie, on peut se procurer les produits de base du quotidien - idem (pour l'instant) avec les fruits et légumes.

Le téléphone : surtout pas pour consulter internet toutes les trente secondes en googlant coronavirus. Pour appeler les amis, les proches  un peu lointains, leur envoyer des messages et veiller sur eux comme ils veillent sur nous. Cette vache de virus nous donne l'occasion d'être, un peu plus et mieux que d'habitude, les anges gardiens les uns des autres. Sachant (c'est un copain médecin qui me dit que c'est vérifié scientifiquement ) que le sentiment d'être utile à son prochain libère dans l'organisme des endorphines en quantité, autant en profiter et se faire du bien en même temps qu'on en fait aux autres - déjà,  sauf « conf call », on court moins le risque d'entendre « tu me déranges, je suis en réunion ! »

La télé : pas les chaînes d'info en continu, please ! un bulletin d'information par jour et votre programme préféré (pourquoi ils m'ont sucré Canteloup hier soir sur TF1 comme pour la mort de Johnny et l'incendie de Notre Dame? Il est pas malade, je l'ai entendu sur Europe 1 ce matin !) et puis les séries sans complexe sur le binge, les films idiots, les films intelligents, les vieux films, ceux qu'on a ratés en salle et qui sont dispos en DVD ou VOD.

Les livres : l'occasion de relire Proust, même si vous ne l'avez pas lu, La Comédie humaine, les oeuvres complètes de Chong Chong et Su Ki les deux précurseurs de Confucius , et aussi Athanase Ténaze, le maître inconnu de Socrate, ou Darladidadada le fondateur de l'ayurvéda- des polars, des thrillers, des comédies romantiques, des mangas, Harry Potter, Oui Oui, Le club des Cinq, SAS,  San Antonio, Rahan,  les Caroline, les Alice, Mortelle Adèle, Bob Morane, le journal de Mickey, Pilote, Tintin ou Astérix si vous êtes d'humeur intello.

Pour conclure une des histoires favorites de mon ami Denis (salut capitaine, ça va en Bretagne ?) : c'est une histoire de Toto - pas le Toto italien déjà vanté ici et qui fait partie des « must » du confinement joyeux[1], mais notre Toto français, celui des histoires drôles de notre enfance.

Toto est en train de faire sa promenade dans le petit jardin de l'hôpital psychiatrique. Il a une ficelle attachée au poignet et traîne derrière lui une brosse à dents.

Il tombe pile sur le médecin chef :

Toto : bonjour docteur, comment allez-vous bien ? Vous avez vu, avec ce beau temps,  j'en profite pour faire un tour  avec  ma brosse à dents.

Doc : « c'est bien  Toto,  la dernière fois que je t'ai croisé dans le jardin, tu croyais que tu promenais ton chien. Continue à bien suivre ton traitement et tu seras bientôt sorti d'ici. »

Le médecin éloigné  Toto tire un bon coup sur la ficelle et attrape sa brosse à dents : « tu as vu, Médor, on l'a bien eu ! »

 Conclusions:

1. pour  votre petite balade hygiénique, si vous n'avez pas de chien ou le formulaire A 38, emportez une brosse à dents.

2. restez confinés, soyez joyeux, portez-vous bien [2]et déconnez pas avec la santé, les filles [3]!

Références

Malheureusement les oeuvres de Chong Chong et Su Ki, trop austères et exigeantes pour les consommateurs de livres de développement personnel, n'ont pas bénéficié des vagues de mode occidentales ayant popularisé  Confucius, Lao Tseu et Tchouang Tseu. Elles ne sont disponibles en chinois que  chez un petit éditeur indépendant de Wuhan qui ne peut livrer actuellement. Quant à Darladidadada il est interdit par le gouvernement Modhi.



[1] More on this later avec conseils filmo et biblio dans les semaines qui viennent.

[2] Promo gratuite, phrase de conclusion fétiche d'Anton Tchekhov, à retrouver dans sa correspondance : «  Vivre de mes rêves,  édition préparée par Nadine Dubourvieux et traduite (magnifiquement) par elle, préface de votre serviteur. (éditions Robert Laffont, collection Bouquins 2016)

[3] Les mecs aussi


LE TANGO des Mistes

Optimistes et pessimistes dansent depuis toujours un tango.

J'ai des amis chers dans les deux catégories. Essayons de deviner comment ils réagissent face au début de la fin du confinement - ou à la fin du début du déconfnement. Où finit le début et où commence la fin ? Vaste débat qui fera (ou pas) l'objet d'un prochain post

Les optimistes radicaux pensent que ce n'est pas un petit machin de virus qui va interrompre la grande transformation de l'homme annoncée par le scientifique/religieux Teilhard de Chardin, matière et esprit enfin réconciliés finiront bien par accoucher du véritable être humain attendu depuis des millénaires, les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles. On en aura enfin fini de la terrible dualité corps-esprit : incarnés en nous-mêmes, reliés au plus profond de notre histoire et attirés au plus lointain de nos rêves, nous pourrons libérer la puissance atomique créatrice de l'énergie spirituelle qui vit en nous depuis le premier jour et l'éparpillement initial de la matière qui nous constitue.

Les optimistes à vue courte n'ont pas ces perspectives cosmiques : ils pensent que tout va s'arranger - et recommencer comme avant.

Les optimistes religieux pensent que le Seigneur/Allah/ Elohim/Vishnou (ici, cocher la case adéquate) nous sauvera si nous décidons de suivre désormais le droit chemin, et punira les mécréants/infidèles/Arabes/Juifs (cocher la ou les cases adéquates).

Les optimistes béats pensent que le progrès médical permettra de surmonter cette crise et de prévenir les suivantes.

Les optimistes progressistes pensent que le monde aura appris de l'épreuve - les systèmes de santé seront améliorés, les monstres financiers priés de se bouffer nos pseudo-dettes.

Les optimistes écolo-humanistes pensent que chaque individu émergera de cette crise avec une réflexion plus profonde sur l'impact de nos comportements individuels sur la planète.

Les optimistes européens pensent que l'Europe saura resserrer les rangs et se montrer solidaire.

Les pessimistes radicaux pensent qu'entre virus en folie, flicage numérique, et dérèglement climatique on va vivre l'enfer : après le COVID 19, le COVID 20, tout ça sur fond de réchauffement climatique. En comparaison, les univers post-apocalyptiques type Blade Runner, Independence day, ou Mad Max sembleront un éden.

Les pessimistes religieux pensent que tous nos malheurs sont la punition du Seigneur/Allah/Elohim/Vishnou (ici, cocher la case adéquate) qui punit l'humanité pour ses fautes.

Les pessimistes écolo-humanistes se lamenteront qu'une fois de plus l'homme ait manqué l'occasion de comprendre, qu'encore et toujours, il étale ses instincts destructeurs.

Les pessimistes  complotistes pensent que tout ça, c'est la faute des Chinois/ des Juifs/ des Arabes/ des Américains/ des  Russes/des Slovènes/des Belges (cocher la case adéquate).

Les pessimistes souverainistes réclameront la fermeture des frontières.

Les pessimistes progressistes pensent que les « dark forces »  de l'ultra-libéralisme vont se saisir du prétexte du virus pour approfondir leur entreprise d'asservissement du peuple.

Pour finir, une histoire drôle (en tout cas elle me fait rire, moi) :
L'optimiste et le pessimiste sont tout au fond du fossé, les pieds dans un immonde mélange de merde et de boue, les chevilles enchaînées. A supposer que par un miracle de volonté et d'ingéniosité ils réussissent à s'arracher à la fange dans laquelle ils baignent, c'est le déluge de feu au-dessus de leurs têtes qui les attend. Ils poussent en choeur un soupir à fendre l'âme.

Le pessimiste : « Ça pourrait pas être pire. »
L'optimiste : « Si. »

P.S. je connais des complotistes et j'en croise mais j'ai pas d'amis complotistes - que je sache.

PPS. Mémoires d'outre-tombe : j'en suis au livre XV.
Pessimiste : seulement ? tu ne finiras jamais ! Optimiste : quelle merveille, encore vingt livres à baigner dans cette écriture sublime !


DERNIERES PENSEES D'UN CORONAVIRÉ

Puisque je vais mourir,

Seul ou avec tout le monde -

Ça n'a pas encore été annoncé sur les ondes,

Je vais exprimer mes dernières volontés.

Y aura-t-il même un vivant dans un an pour les lire ?

Si oui : au moins de moi restera un sourire.

Si non : un coup de plus j'aurai écrit pour ne rien dire.

Avant de mourir je veux

Faire l'amour dans l'eau d'une mer chaude

Passer la nuit avec deux des plus belles Claude

des Mémoires d'outre-tombe achever la lecture

Afin au ciel d'y entretenir leur auteur

de quelques longueurs que j'y trouvai

et qui eussent mérité de notables coupures

Egalement je veux apprendre le chinois

le finnois, le hongrois,

le vieil anglois

Naviguer je veux aussi au noroit

au suroit,

et courir encore sur le sable et par les bois.

Je veux -  las, le temps m'est horriblement compté ! -

Aller au sommet du Mont Blanc

Traverser un ou deux océans

 M'agenouiller tel un suppliant

Au pied des géants

De l'île de Pâques

Revoir Olympie, Delphes, Angkor, Cuzco, Karnak,

Lieux dont la force d'âme autrefois m'étreignit

Mais dont la magie s'est enfuie

Les temples de Kyoto, et leurs cerisiers blancs

Les verrai-je une fois au printemps ?

La madone del Parto, de son manteau les pans

S'ouvriront-ils pour moi en un dernier tableau ?

Les fresques de Piero, de Giotto, Masaccio,

Les austères cellules où peignit Angelico,

Mes yeux pourront-ils encor' en festoyer

A l'heure du couchant ?

 

Et les soeurs provençales ? Cluny, Fontenay, Montmajour, Fontevrault ?

Me sera-t-il donné à nouveau de m'y recueillir les yeux clos ?

ou dans cette modeste chapelle d'une campagne isolée,

moi sans Dieu, de prier ?

 

 

Et puis si j'ai le temps - soyons un peu sérieux ! - je veux revoir une dernière fois

Tous ces longs films suédois

Qui donnaient envie de mourir

Quand la vie était une valeur sûre

Chanter les solos de Parker

Et rire avec Buster,

Avec Curly, Larry et Moe,

Avec Fields et Charlot,

Sans oublier Toto,

Et puis les Marx Brothers

Groucho, Harpo, Chico,

De Karl les cousins autrement rigolos.

 

Une dernière chose avant de vous quitter,

Vous que j'ai tant aimés

Et vous aussi que je détestais

Ou dont je me foutais

Jusqu'à mon dernier souffle, je voudrais

Mon amour ma chérie aux doux bras

Que tu me tiennes contre toi.


REGARDER LES PAUVRES

Quand un artiste - peintre ou écrivain - considère un pauvre, que voit-il ?
Que ce soit pour l'exotisme ou pour une cause religieuse ou politique, il voit le plus souvent un « objet » d'où il tirera une image chargée d'une intention - image de compassion, image d'indignation, image exotique.
Quand le jeune Napolitain Vincenzo Gemito, dix-sept ans, voit un enfant en haillons assis par terre, les cartes à la main, il voit un frère : ainsi naît la sculpture qui accueillait les visiteurs, il y a quelques jours encore, à l'exposition du Petit Palais consacrée à cet artiste dont je n'avais jamais rien vu et ne connaissais même pas le nom.
Le corps d'un jeune pêcheur tenant son filet, le visage fatigué d'une vieille femme, ce n'est pas le « beau » que Gemito scrute mais la vie même, les secrets les attitudes et le mouvement même de la vie telle qu'elle jaillit de la terre ou des eaux.
Parce que sous son regard, le pauvre n'est pas un « autre » ou un « type » mais l'un d'entre nous, il exprime avec une humilité et une puissance bouleversantes un je-ne-sais-quoi de la condition humaine qui résonnent en nous.

Référence :
Dommage ! Si vous ne l'avez pas vue, la rétrospective du Petit Palais a pendant de longues semaines été ce phénomène rare des expos parisiennes : un lieu de paix où l'on n'était pas bousculé comme dans le métro et où l'on pouvait s'absorber dans la contemplation des oeuvres en les méditant une à une. Puis cela s'est affolé au cours des derniers jours et les foules sont arrivées. Maintenant c'est fini, et pour admirer Gemito il faudra se rendre à Naples, au musée de Capodimonte où ses oeuvres sont exposées.


MES CARNETS NOIRS : INTEGRALE

C'est avec intérêt qu'éclairé par ma nouvelle amie Géraldine Collet, j'ai découvert que dans une édifiante interview de 2015, « Gaby le Magnifique » Matzneff annonçait avoir confié plusieurs années de ses « carnets noirs » à Antoine Gallimard afin qu'il les publiât après sa mort. Ce prestigieux éditeur ami des écrivains maudits s'est récemment déclaré « gêné » par le contenu des journaux de GM, que sa maison publiait depuis trente ans. Rougira-t-il à nouveau avant de livrer à la postérité ces moments secrets de la sulfureuse intimité matznévienne ou bien renoncera-t-il, atteint brutalement de compassion pour ces petits prostitués mâles à qui le poil (horreur !) a poussé et dont les vies ont été ruinées pour la grandeur de la littérature ? Lorsque GM le « philopède » s'enorgueillit de publier le détail de la  sodomisation de petits garçons âgés d'une dizaine d'années, qu'a-t-il gardé secret par détestation du qu'en-dira-t-on véhiculé par les épouvantables moralistes qui nous gouvernent, manipulés par des féministes « hystériques » (elles le deviennent toutes dès qu'elles sont en âge de « vêler ») et des père-la-pudeur s'étant masturbés en regardant du porno soft ou hard sur internet plutôt que de suivre audacieusement leur élan vital et de sauter dans un avion pour Manille afin de « libérer » de glabres garçonnets, biffetons à l'appui?

Pour ma part, j'annonce officiellement n'avoir confié aucun carnet noir à quiconque.
Je n'ai à cela aucun mérite car 1. Si j'ai quelques textes non publiés, ma femme et mes enfants ne trouveront dans mes placards aucun carnet noir, ni aucun disque noir à côté de mon ordinateur : tout au plus des cahiers de tailles et de couleurs diverses, remplis de mon écriture illisible (même pour moi-même). 2. Nettement moins « transgressif » que l'ex-poulain de Philippe Sollers, je n'ai jamais entretenu avec le patron de la rue GG, l'intimité que l'auteur des Moins de seize ans avait développée avec lui jusqu'à leur récente rupture.
 de plus, le sentiment de mon « importance » n'a jamais été très développé chez moi et n'a été en rien gonflé par de modestes succès et de fréquents échecs.  Cerises sur le gâteau de ma splendeur imaginaire,  je ne me sens en rien « maudit », l'expression « après ma mort » me fait sourire et je considère sans angoisse la perspective probable de l'oubli de mes écrits.

En annexe, sur le « grand style » du maudit du jour, dont les admirateurs (« certes il est sulfureux, mais quel écrivain ! ») sont plus silencieux ces temps-ci, je livre la phrase d'ouverture d'un de ses romans :

 

Que chacun se fasse son impression sur ce galimatias d'un écrivain que M. Yann Moix - un spécialiste s'il en est - jugeait récemment « classique mais vivant »-, mais il m'apparait qu'en sus de la pédocriminalité, GM devrait être poursuivi pour crime contre la langue française - et mis en examen ses correcteurs  et thuriféraires pour complicité aggravée.

Références :

 Pour les matznévos (s'il en reste), les  masos ou les  amateurs de curios littéraires, Les Lèvres Menteuses (Gallimard, 2001) ;
Les moins de seize ans (Julliard, 1974)a été retiré de la vente mais des sites en ligne vous le proposent à petit prix

www.Chronicart.com/livres/matzneff-toujours-rebelle pour l'interview.

 

Je ne me lasse pas d'offrir Le Consentement et je constate avec joie que son auteure est aussi sobre et juste dans ses interventions médiatiques que dans son ouvrage.  Certes, ce récit poignant n'est « pas  vraiment de la littérature » pour quelques fins becs houellebecquophiles, mais  pour les analphabètes ringards  dont je suis, c'est un sacré bouquin !

 Le Consentement, Vanessa Springora, (Grasset, 2020)


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